Stationnez, il n’y a rien à voir !

Consommation par Michel Pourcelot

Des consommateurs contraints de s’enfermer dans des enclos de plus en plus rares pour se faire tondre : les automobilistes des grands centres urbains commencent à s’identifier à cette image. Les places de stationnement se réduisent comme peau de chagrin : ainsi à Paris, sous le drapeau vert des préoccupations écologiques, 85 615 d’entre elles auraient été supprimées en dix ans, soit, selon le maire de Paris lui-même, une réduction d’un tiers, leur nombre passant « de 235.000 en 2001 à 149 385 en 2011 ». Créez la pénurie et les places seront chères. Pour faire réfléchir les récalcitrants, les P.-V. de stationnement, dont pas moins de 3 millions ont été distribués dans la capitale en 2011, ont été augmentés de 11 à 17 euros en 2011, soit, désormais, l’équivalent du prix moyen de 24 heures dans un parking parisien. L’amende pourrait même être beaucoup plus salée, l’une des candidates à la mairie de Paris, actuelle adjointe, ayant même récemment cité l’exemple de Londres où elle atteint les quelque 150 euros. La municipalité parisienne, qui, en 2006, a supprimé l’obligation de faire des parkings sous les nouveaux immeubles en construction, parle de « réappropriation de l’espace public », mais les automobilistes peu fortunés n’auront plus guère le choix que de passer sous les fourches Caudines des sociétés de parkings privés, dont les pratiques ont été sérieusement épinglées par l’enquête d’une association de consommateurs. « Le tarif est dicté par la loi de l’offre et de la demande, c’est normal qu’on arrive à de tels prix », a répliqué benoîtement Vinci Park, gestionnaire d’une centaine de parkings dans la capitale. Ces pratiques ne sont pas seulement parisiennes ni même hexagonales : asphyxiées financièrement, nombre de municipalités en Europe y ont recours. Parfois à un point tel qu’à Burgos, en Espagne, les habitants du quartier populaire de Gamonal se sont révoltés contre les abus des sociétés de parkings. Début janvier la police a dû intervenir, les participants aux manifestations hebdomadaires s’en prenant violemment aux travaux du projet censé embellir, pour un coût de quelque huit millions d’euros, leur principale artère, mais supprimant, à coups de pistes cyclables, bon nombre de places de stationnement au profit de parkings souterrains évidemment en nombre insuffisant. Quand les affaires et le BTP roulent...

 Voir en ligne  : AFOC - Associations FO Consommateurs - Site

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante