Une étude montre que les inégalités s’accroissent

Statistiques par Mathieu Lapprand

En 2011, la pauvreté augmente tandis que les plus aisés poursuivent leur enrichissement. Le constat dressé par l’Insee montre que l’austérité ne touche pas toute la population française. Elle s’avère implacable pour les plus faibles et bénéfique pour les plus riches.

L’Insee a publié, le 2 juillet, son enquête annelle sur les revenus et le patrimoine des ménages. Cette analyse décortique les revenus des Français pour l’année 2011. Son constat est dramatique : les inégalités atteignent un niveau inédit par rapport aux quinze années précédentes. « La situation continue de se dégrader pour la moitié inférieure de la distribution des niveaux de vie, tandis qu’elle s’améliore dans la moitié supérieure. Les quatre premiers déciles de niveau de vie diminuent en euros constants, entre - 0,2% et - 0,8% selon le décile, bien que la diminution soit moins forte qu’en 2010. À l’inverse, les quatre derniers déciles de niveau de vie augmentent, entre + 0,1% et + 0,8%, et même + 2,2% pour le neuvième décile », décrit l’institut de statistiques.

EN 2011, BAISSE DU Smic DE 0,3% EN EUROS CONSTANTS

Ce sont les salariés et surtout les chômeurs qui sont les plus touchés par cette hausse de la pauvreté. Le taux de pauvreté des chômeurs augmente ainsi de 3,1 points, passant de 35,8% à 38,9%, tandis que les salariés subissent une augmentation de 0,6 point de leur taux de pauvreté (6,3% en 2010 et 6,9% en 2011). Cette hausse de la pauvreté chez les salariés est inédite depuis 2007 et trouve son explication dans la baisse de 0,3% du Smic horaire brut en moyenne annuelle. Parmi les salariés et les chômeurs, ce sont les jeunes qui subissent le plus fort taux de pauvreté (11,2% contre 6,9% pour l’ensemble de la population) et l’augmentation la plus importante (+1,4 point contre 0,6 pour l’ensemble de la population).

Si les plus riches ont connu une légère baisse de leur patrimoine en 2008 et 2009, ils se sont plus que rattrapés en 2010 et 2011. Ainsi, le 1% de population le plus riche a vu son revenu (par unité de consommation) augmenter de 1,4% en 2010, puis de 2% en 2011. Encore plus fort, le 0,1% le plus riche a gagné 5,6% de revenu en 2010 et 4,8% en 2011. Enfin, les seuls revenus du patrimoine ont permis au dernier dix-millile (0,01%) de la population française la plus riche de voir ses revenus croître de 11,2% en 2010 et encore de 7,9% en 2011.

Pour les Français dont le revenu par unité de consommation est supérieur à 500 000 euros par année, il a chuté de 20% entre 2008 et 2009, mais a repris une forte progression, de 22% en 2010 puis de 15% en 2011. Ils sont aujourd’hui 15 900 à disposer au moins de ce revenu annuel. Le gouvernement de l’époque leur avait d’ailleurs fait un beau cadeau pour les féliciter de leur bonne santé retrouvée : le nombre de foyers redevables de l’impôt sur la fortune a été divisé par deux en 2011 (590 000 foyers en 2010 et 290 000 en 2011). Le gouvernement ayant augmenté le seuil de patrimoine net nécessaire au paiement de cet impôt de 790 000 euros à 1,3 million d’euros. Si les 0,1% les plus aisés possédaient 1,7% de la richesse nationale en 2004, sept années plus tard ils en possédaient 2,1%.

Si l’Insee peut donc affirmer que « le niveau de vie médian de la population est stable en euros constants par rapport à 2010 », cette stabilité masque un accroissement du fossé entre les plus riches et les plus pauvres. Accroissement que la politique économique menée depuis 2011 n’aura probablement pas enrayé.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante