Trois questions à... Hélène Fauvel, rapporteuse de l’étude « La composition familiale est le premier facteur d’interruption d’activité »

Actualités par Clarisse Josselin

FO Hebdo : Qu’est-ce qui vous a le plus frappé dans les résultats de cette étude ?
Hélène Fauvel : La première chose, c’est qu’encore et toujours l’organisation du temps de vie familiale repose quasi exclusivement sur les femmes, y compris chez les couples qui ont les moyens de payer quelqu’un pour les aider. Même dans ce cas, ce sont rarement les hommes qui prennent les choses en main. La seconde, c’est l’inégalité croissante entre les femmes très qualifiées et celles qui le sont peu. Les premières commencent à fissurer le plafond de verre alors que ces dernières sont souvent en CDD, mal rémunérées avec un temps partiel subi et des horaires décalés.

FO Hebdo : La question des enfants est-elle si fondamentale ?
Hélène Fauvel : La composition familiale est le premier facteur d’interruption de l’activité professionnelle. Quatre-vingt-neuf pour cent des femmes sans enfant travaillent, c’est l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne. Elles ne sont plus que 43% avec trois enfants, c’est l’un des taux les plus faibles. Pour les moins qualifiées, le congé parental est souvent plus intéressant financièrement et en matière d’organisation, mais 40% de ces femmes auraient préféré rester actives.

FO Hebdo : Pourquoi avoir choisi de parler des femmes les moins qualifiées ?
Hélène Fauvel : On n’en parle jamais. Il y a par exemple les femmes d’artisans qui ont toujours travaillé pour leur mari et dont le travail est invisible. Ou les chômeuses de l’ombre, qui ne sont pas considérées comme telles car elles ne sont pas disponibles tout de suite en raison des enfants. Ces femmes sont convaincues qu’elles n’ont pas de compétences. Pour les aider à reprendre confiance en elles, nous voulons qu’elles puissent mettre en valeur ce qu’elles savent faire, par exemple par une validation des acquis de l’expérience. Comme elles sont souvent en isolement forcé, elles n’ont pas accès aux réseaux existants et cette évolution devra passer par les services publics.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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