A Avignon, FO Energie et Mines réunit un Comité fédéral national en mode combat

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Rendez-vous de mi-mandat attendu, la réunion du Comité fédéral national (CFN) de la fédération FO Energie et Mines a permis de réactualiser la résolution du congrès de 2021. Issus de toutes les entreprises de la branche, des rangs des mineurs et des retraités, la centaine d’élus FO, composant l’instance fédérale, a réaffirmé mi-mai à Avignon (Vaucluse) son opposition totale à la réforme des retraites imposée par l’exécutif, tout comme sa détermination résolue à transformer en succès les élections IRP de novembre.

Agir, ne pas subir. A entendre le compte-rendu d’activité de mi-mandat dressé une heure durant par Alain André, secrétaire général de FO Energie et Mines (FNEM), jamais le slogan de la fédération n’a été autant incarné par l’organisation qu’au cours des deux années écoulées depuis le congrès de juin 2021. Une période troublée, a euphémisé le militant en ouverture du Comité fédéral national (CFN) qui a réuni mi-mai, pendant deux jours à Avignon (Vaucluse), 110 élus FO issus de toutes les entreprises de la branche, des rangs des mineurs et des retraités.

Hausse de 5% des demandes d’adhésion

Bataille contre le projet Hercule de démantèlement du groupe EDF (officiellement abandonné, par l’exécutif, à l’été 2021), bataille pour l’augmentation des salaires et le pouvoir d’achat, bataille qui n’est pas terminée contre la réforme des retraites imposée par l’exécutif… FO Energie et Mines n’a cessé d’être à la manœuvre pour défendre les intérêts collectifs et individuels des énergéticiens.

Alors que ces derniers mois ont révélé l’échec de la libéralisation du secteur (envolée des prix de gris, explosion des factures), que les questions de transition et de souveraineté énergétiques occupent désormais pleinement le devant de la scène, la fédération se distingue, depuis 2022, en revendiquant la création d’un pôle public nationalisé de l’énergie décarbonée, intégrant toutes les énergies sans exclusive (nucléaire, hydraulique, filière hydrogène, filière gaz, laquelle compte 180 000 salariés…) qui garantirait sécurité d’approvisionnement, compétitivité industrielle et un accès à tarif raisonnable pour tous les citoyens. Une proposition soumise à tous les parlementaires.

Au bilan encore, une détermination sans faille à saisir toute occasion de faire progresser les droits sociaux des personnels des industries électriques et gazières (IEG). Par exemple, lors des négociations post-crise Covid sur les mesures d’accompagnement à la reprise d’activité, conclues par de nouvelles modalités de télétravail dans les entreprises. FO a été au rendez-vous, s’est félicité Alain André. En avril, la fédération a aussi demandé l’ouverture de négociations de branche, pour intégrer le congé menstruel dans l’accord Egalité professionnelle et intégrer le mécénat de compétences dans les politiques d’emploi. Un dernier dispositif qui répond, a précisé le secrétaire général de FO Energie et Mines, à la quête de sens attendue par les salariés pour leur parcours professionnel.

Révélateur, les demandes d’adhésions sont en hausse, a appuyé le trésorier fédéral, Alain Meynard. La fédération a dû recommander des cartes à la confédération au premier trimestre 2023. Les demandes sont en hausse de 5%.

Non à la réforme des retraites !

Alain André,
Secrétaire général
de FO Energie
et Mines
au CFN d’Avignon

Sans surprise, le CFN se tenant à quelques jours de la 14e journée d’action contre la réforme des retraites que combattent résolument les électriciens et gaziers, le sujet a largement occupé les militants. Dans sa résolution, le comité fédéral national a appelé à une mobilisation massive le 6 juin. Outre l’allongement de la durée de cotisation, le recul de l’âge de départ, la loi promulguée le 14 avril acte pour l’instant– à moins d’être abrogée – la disparition du régime spécial de retraite des industries électriques et gazières (datant de 1946) pour les futurs embauchés à partir du 1er septembre prochain. Pour ces derniers, au plan de la retraite, la loi prévoit une affiliation au régime général et à l’Agirc-Arrco, les salariés actuels restant affilés au régime spécial selon la clause dite « du grand-père ».

Les IEG sont à un tournant de leur histoire. Mais la bataille n’est pas terminée, a commenté le secrétaire général de FO Energie et Mines, qualifiant la réforme d’attaque contre le statut des IEG. Nous ne sommes pas tranquilles avec la clause du grand-père. La réforme de la grille salariale risque d’être une seconde étape, sans même parler des avantages en nature.

Comme l’a rappelé le militant, des sociétés nouvellement créées s’affranchissent déjà du statut des IEG. A l’image d’Edvans (filiale d’ingénierie nucléaire créée en 2017 par EDF et Framatome), qui a réalisé des milliers de recrutements sous la convention collective Syntec. Le nouveau monde, que l’exécutif prétend incarner, a tendance à s’inscrire hors du statut des IEG, a-t-il constaté. Mais FO ne manque pas de répondant : elle est devenue la première organisation chez Edvans (avec 56,94 % des suffrages !) lors des premières élections CSE, travaillées avec l’aide de la FEC FO.

Logiquement, l’ordre du jour du CFN a été bousculé, pour laisser place à une séance de questions-réponses sur les nombreux points que la brutalité de la réforme, et son calendrier resserré, laissent pendants. En cas d’application de la réforme, quelle serait la date d’entrée en vigueur des nouvelles règles d’âge de départ pour les salariés statutairement embauchés ? Quel serait le périmètre d’application de la clause du grand-père (actuellement conditionnée à une continuité d’affiliation au régime spécial qui pourrait pénaliser les agents en congés spécifiques ou en mobilité) ? Les militants ont aussi évoqué le risque de déséquilibre financier du régime et ses conséquences possiblement dramatiques pour les acquis sociaux des personnels…

Face à l’Inflation, faire respecter les clauses de revoyure des différents accords

Parmi les interventions à ce CFN, la baisse du pouvoir d’achat des agents dans le contexte inflationniste persistant a été plusieurs fois évoquée. N’oublions pas que FO est le syndicat de la fiche de paye, a interpellé un représentant des militants Enedis et GRDF du sud-ouest. Dans leur résolution, les élus du CFN affirment soutenir toutes les actions menées à au sein de la branche et en entreprise, pour faire respecter les clauses de revoyure des différents accords et aboutir à une nouvelle augmentation du Salaire Nationale de Base (SNB) ainsi qu’à de nouvelles mesures salariales au sein des entreprises.

Pour FO Energie et Mines, la hausse du SNB arrachée en octobre dernier (3,3 % à partir du milieu de grille, entre juillet 2022 et janvier 2023), qui n’a pas compensé l’inflation, reste une première étape. L’accord salarial de branche intègre un rendez-vous de revoyure en 2023, attendu le 16 juin.

Cette revalorisation du SNB a permis d’aller des compléments en entreprise, a souligné Alain André. Il a rappelé le rôle déterminant à l’automne dernier des mobilisations FO en entreprise, notamment chez EDF où les grèves entraînant une mise à l’arrêt des réacteurs (10 jours à la centrale de Gravelines, dans le Nord, où FO est majoritaire) ont permis d’obtenir, au final, une augmentation de 2NR (niveaux de rémunération), laquelle a servi de base revendicative aux autres entreprises du secteur.

Mesure d’audience : l’échéance de novembre

Mais l’échéance qui a occupé la plus large partie des interventions est celle des élections CSE de novembre prochain, déterminante pour FO Energie et Mines (représentative à 13,83%). La fédération s’y prépare depuis plus de six mois. Groupe de travail dédié, préparation d’outils de méthodologie et de communication pour les syndicats, aide à la réalisation des professions de foi, commande de « goodies », refonte de l’offre de formations (pour être en capacité d’accompagner dès le 1er décembre les futurs élus FO des CSE) … rien n’est laissé au hasard.

Un point mensuel en bureau fédéral (sur les listes, le nombre de candidats éligibles) renseigne l’état de la campagne, qui met particulièrement sous tension le secteur Communication. Celui-ci a profité du CFN pour présenter les travaux de refonte de la stratégie de communication. FO créateur de droits nouveaux : la signature de campagne décrit à elle seule une organisation tournée vers l’avenir et cherchant à répondre, à l’évolution des besoins et des demandes des salariés. Cela bien sûr en préservant le cœur de l’action syndicale, soit la défense des intérêts collectifs et l’amélioration des droits actuels.

Symptomatique, la première journée du CFN s’est conclue par une action solidaire et citoyenne : 6 kilomètres de marche dans Avignon, parcourus sans faillir – et malgré un important Mistral – par la majorité des élus du CFN, en soutien à l’association Visions du monde. Par l’organisation de marches de 6 kilomètres (distance moyenne parcourue chaque jour par les femmes et les enfants assignés à la corvée d’eau), cette association finance des installations d’accès à l’eau, notamment en Afrique. Les valeurs de solidarité portées par FO, nous pouvons aussi les porter au-delà des frontières de nos entreprises, expliquait Serge Giarnosi, secrétaire fédéral à la communication.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération