A la MSA, FO mobilise les salariés pour la revalorisation de l’ensemble de la grille de salaires

InFO militante par Elie Hiesse

© F. BLANC
Article publié dans l’action Les élections à la MSA

59 minutes par jour sur la dernière heure de travail… Depuis une semaine, FO appelle les salariés de la Mutualité sociale agricole (MSA) à se mobiliser pour bâtir le rapport de force, en prévision des négociations salariales qui s’ouvriront le 12 octobre. Limitatif, le cadrage imposé par les ministères de tutelle indique que ces négociations porteront sur une hausse du point d’indice de 3,5% au 1er octobre, un supplément d’intéressement 2022 et des mesures pour les bas salaires. Des dispositions largement insuffisantes pour FO, qui revendique notamment la revalorisation de l’ensemble de la grille de salaires.

Trop, c’est trop. Alors que les négociations salariales 2022 doivent s’ouvrir le 12 octobre à la Mutualité sociale agricole (MSA), FO appelle depuis une semaine les quelque 15 170 salariés du deuxième régime de protection sociale à débrayer chaque jour, 59 minutes sur la dernière heure de travail. Pour dire leur exaspération, et construire le rapport de force. Les salariés de la MSA ne seront pas les dindons de la farce, appuie Anita Passannante, déléguée nationale FO, confortée par la mobilisation qui est au rendez-vous. Près de 25% des personnels ont débrayé le 29 septembre dans les différentes caisses. Depuis, la mobilisation reste élevée.

Les ministères de tutelle refusent d’agréer le projet d’accord

Dans le contexte d’inflation galopante (5,6 % à fin septembre, sur un an), le cadrage des négociations salariales imposé par les ministères de tutelle ne passe pas. Le 28 septembre, ils ont signifié aux employeurs, regroupés au sein de la FNEMSA, leur refus d’agréer le projet d’accord actant une revalorisation des coefficients de l’ensemble des employés et cadres de la MSA.

Signé en juillet par FO et la quasi-totalité des syndicats, ce projet d’avenant de révision de la convention collective du personnel MSA (n°36) entérinait une revalorisation – a minima de 5 points – de tous les coefficients de la grille. Il prévoyait également un engagement à négocier la valeur du point.

FO juge largement insuffisante la revalorisation du point proposé

A la place, les ministères de tutelle ont indiqué le cadre autorisé. Exit la revalorisation de la grille. Selon le cadrage transmis, les négociations salariales 2022 doivent porter sur la revalorisation de 3,5% de la valeur du point (qui sert de base de calcul à la rémunération, NDLR). A cet effet, une enveloppe de 19 millions d’euros annuels serait attribuée à la MSA. C’est à prendre ou à laisser, commente la militante FO, pour qui cette revalorisation de 3,5% ne répond ni aux besoins ni aux attentes. Elle n’est même pas à la hauteur de l’inflation, tranche-t-elle.

De surcroît, cette revalorisation de la valeur du point entrerait en vigueur à la MSA au 1er octobre, soit trois mois plus tard que dans la Fonction publique. Les salariés de la MSA ne veulent pas être les oubliés, et passer après la Fonction publique, ajoute la militante FO qui revendique a minima une équité de traitement. On en est déjà loin, comme l’ont montré les arbitrages passés. La dernière augmentation du point intervenu à la MSA, en 2017, a été de 0,4% alors que la Fonction publique avait, elle, obtenu une hausse de 0,6% du point, rappelle la militante.

FO a évalué à 9% la perte de pouvoir d’achat subie par les personnels MSA depuis 2017. Dans ce contexte, la proposition des ministères de tutelle est largement insuffisante, souligne Anita Passannante. Elle rappelle l’urgence salariale et la nécessité d’y répondre, alors que les salariés font face à une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail, en raison des nouvelles suppressions de postes (750 ETP) et des économies de gestion imposées dans le cadre de la convention d’objectifs et de moyens (COG) 2021-2025.

Traiter l’urgence salariale pour tous

Les trois premiers niveaux de la grille proposent des rémunérations en deçà du Smic, ce qui oblige au versement de différentiels pour compenser. Il est inacceptable de condamner ces salariés à rester au Smic pendant des années, précise la déléguée nationale FO, qui revendique la mise en conformité des premiers niveaux de la grille conventionnelle, pour commencer.

Pour FO, il faut aussi agir plus globalement. Les salariés de la MSA sont sous-payés, poursuit la militante. Preuve de l’urgence à agir, fin 2021, plus de 60% d’entre eux étaient éligibles à l’indemnité inflation, cette aide ponctuelle de 100 euros censée préserver le pouvoir d’achat face à la hausse du coût des énergies, et notamment versée aux salariés gagnant moins de 2 000 euros nets.

Pour toutes ces raisons, FO exige la revalorisation de l’ensemble de la grille de salaires conventionnels, outre une revalorisation de la valeur du point d’indice qui soit a minima à hauteur de l’inflation.

L’arbitrage des autorités de tutelle

Dans leur cadrage, les autorités de tutelle font un autre choix. En sus de la revalorisation de la valeur du point MSA de 3,5%, elles proposent d’ouvrir à négociation le versement d’une prime de supplément d’intéressement 2022, d’un montant de 200 euros bruts. C’est-à-dire une mesure non-pérenne, pour laquelle un budget de 2,4 millions d’euros serait prévu.

Pour les bas salaires, elles proposent une revalorisation pérenne, dont les modalités doivent être discutées. Pour financer cette dernière, une enveloppe de 2 millions annuels serait attribuée.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante