Abattoir Ster-Goz : les conditions de travail au cœur du combat des salariés

InFO militante par L’inFO militante

La lutte syndicale, rude et sans accalmie, c’est leur quotidien depuis des années. Pour la cinquantaine de salariés du site Ster-Goz (découpe de viande) de Bannalec dans le Finistère, la dernière affaire en date, portant cette fois sur l’intéressement, est une nouvelle illustration de la difficulté à obtenir gain de cause sur les revendications, notamment les conditions de travail. Après débrayages et bras de fer avec la direction, le combat continue.

Le personnel de l’usine Ster-Goz de Bannalec, appartenant au groupe agroalimentaire de transformation de viande Jean Floc’h comptant 2 000 salariés sur 10 sites et basé à Locminé (Morbihan), a demandé une nouvelle fois récemment à la direction un accord d’intéressement…, à l’instar de ce qui se pratique dans les autres entités du groupe. Sur d’autres sites, par l’intéressement, les salariés ont perçu des primes allant de 8 000 à 11 000 euros. Nous, rien ! Et par ailleurs, les salariés de Ster-Goz ont travaillé pendant toute la période de la pandémie et n’ont reçu aucune prime Covid ! s’indigne Philippe Hairie, délégué syndical FO, seule organisation présente sur le site et majoritaire au niveau du groupe.

Il y a deux ans explique le militant, les salariés de Bannalec soutenus par le syndicat FO avaient dû refuser la prime d’intéressement car la direction conditionnait son octroi à des conditions que le personnel a jugées inadmissibles… Or, hélas, l’histoire se répète. Lorsqu’en septembre, le syndicat FO a évoqué les conditions de travail dégradées et la demande d’un intéressement, la direction n’a pas voulu entendre. Un premier débrayage de deux heures, le 22 septembre en fin de journée, et à la veille de la tenue d’un CSE ne l’a pas plus amenée à l’écoute.

Le chantage de la direction

A ce CSE, FO fait alors mettre à l’ordre du jour la question des dégradations des conditions de travail, remet aussi sur la table celle de l’intéressement et averti l’entreprise d’un mouvement de grève le lendemain. Mais la direction persiste, doublant son attitude d’un chantage s’insurge Philippe Hairie. Elle demandait un accord sur l’aménagement du temps de travail et à signer le 30 septembre, en échange d’un accord d’intéressement. Et elle se préoccupe surtout de savoir ce que le syndicat FO, qui n’a toujours pas en mains le projet sur l’intéressement, est prêt à lâcher sur l’aménagement du temps de travail explique le délégué.

Et en la matière, le projet prévoit que les pauses ne soient pas payées, que les heures hebdomadaires, comprenant des heures supplémentaires, passent de 35h à 37h30 et sans aucun délai de prévenance. A cela la direction ajoute sa volonté d’obtenir une ½ heure supplémentaire quotidienne « exceptionnelle », ce qui concrètement peut faire monter à 40 heures la durée de travail hebdomadaire.

Refusant de céder à la pression, le syndicat prend acte de la demande et se met en relation avec la fédération dont il relève, la FGTA-FO. Un débrayage est décidé de midi à 14h le 27 septembre. 60% des salariés du site de Bannalec font grève et décident de reconduire le mouvement le lendemain. La grève sera encore plus massive.

Si les salariés acceptent dans un premier temps la ½ heure supplémentaire, ils exigent un délai de prévenance de 48h. FO qui demande que la direction justifie ce temps de travail supplémentaire, exige aussi un accord sur les conditions de travail. Au deuxième jour de grève, les salariés acceptent le passage de 35 à 37,5 heures mais la direction s’entête à vouloir ajouter la ½ supplémentaire soi-disant exceptionnelle…. Mais on sait ce que la veut dire… fulmine Philippe Hairie.

Des années de procédures et de luttes

Le 29 septembre, le constat d’une impossibilité de signer un accord est évident. La direction persiste par ailleurs à conditionner l’octroi d’un intéressement à un accord sur le temps de travail. Les salariés décident donc de laisser de côté, pour l’instant, leur demande de prime d’intéressement, et de privilégier des discussions sur les conditions de travail.

Et il y a fort à faire. C’est d’ailleurs le combat mené par le syndicat FO depuis des années. Après sept ans de procédure, la cour d’appel de Rennes devait trancher le 7 octobre la question des pauses non payées. L’an dernier par ailleurs, dans cette usine qui en une dizaine d’années a perdu plus de la moitié de son effectif de titulaires remplacés par 60 prestataires, tâcherons, sur le métier de désosseur indique Philippe Hairie, FO a eu enfin gain de cause sur la question de la prime de rendement qui n’avait pas été revalorisée depuis plusieurs années. Le combat continue.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération