Protestant contre l’accord de ciel ouvert avec le Qatar conçu par la commission européenne, plusieurs syndicats de l’aérien dont FO (FO-Air France et le SNPNC-FO) ont organisé un rassemblement à Paris le 21 octobre devant le ministère de la Transition écologique et Solidaire. Ce texte, adopté le 18 octobre par l’Union Européenne permet à la compagnie Qatar Airways, copieusement financée par son pays, le petit mais richissime émirat du Golfe, de desservir n’importe quelle ville en Europe sans restriction de capacité ou de fréquences de vol.
Des droits également accordés aux transporteurs européens mais qui apparaissant bien moins intéressants. Une hérésie
, estime Christophe Malloggi, secrétaire général du syndicat FO-Air France. Le Qatar, c’est un pays de la taille de la Corse avec 3 millions de voyageurs, tandis que l’Europe est le premier marché mondial aérien. Qatar Airways va pouvoir drainer les passagers européens dans son hub de Doha
, pointe le militant.
Un accord qui fragilise un secteur en période de crise
Mais ce texte va plus loin, notamment pour l’activité Cargo puisqu’il octroie à Qatar Airways un droit de cinquième liberté, ce qui lui permet d’effectuer des vols entre l’UE et n’importe quel pays tiers. Cela ouvre des possibles énormes pour la compagnie, alors que durant la crise, le fret a été et est encore à ce jour, la bouée de sauvetage du secteur aérien
, rappelle Christophe Malloggi.
Si, avant la pandémie, le fret aérien représentait 15 % des recettes du secteur, il pèse désormais près de 30%.
Dans ce contexte de crise économique, cet accord apparaît comme un coup d’épée dans le dos du secteur aérien qui a grandement souffert
, analyse le militant. Il signifie une mise en concurrence déloyale de compagnies françaises avec une compagnie largement subventionnée en tout temps et appliquant des conditions sociales rétrogrades. Cet accord est une ineptie politique, économique et sociale
, réagit FO-Air France dans un communiqué.
Des impacts sociaux inquiétants
Le syndicat souligne aussi les impacts sociaux de ce texte qui ne peuvent être que négatifs, tant en termes d’emplois qu’en termes de conditions d’emplois. Loin d’exporter les modèles d’acquis sociaux dans les états peu réputés pour leur droit du travail, FO met en garde sur ce qu’ont souvent produit les accords de libre-échange : nous exportons nos emplois et eux leurs bas salaires couplés à leur faible protection sociale !
L’État français, en tant que membre de l’Union Européenne, doit s’opposer fermement à cet état de fait, souligne le syndicat dans son communiqué. Cet accord hypothèque l’avenir d’un secteur qui irrigue largement le tissu économique et social, déjà largement affaibli par les politiques de désindustrialisation. Il met en péril des outils de souveraineté.
Une « libéralisation ultralibérale »
À la suite de ce rassemblement, une délégation syndicale a été reçue par le ministère. On nous a expliqué que cet accord était une demande de la France et de l’Allemagne pour obtenir des contreparties, notamment environnementale et en termes de transparence économique, explique le militant. Or, à la lecture de cet accord, les termes apparaissent trop généraux pour être vraiment contraignants pour la compagnie qatarie.
Avec cet accord, le premier du genre avec un pays du Golfe, Bruxelles espère effectivement obtenir de Qatar Airways des contreparties en matière de respect des règles de la concurrence, de droit social et de transparence de ces comptes, notamment pour éviter le versement d’aides illimitées de la part de l’Émirat. C’est donc inquiets que les représentants des organisations syndicales sont sortis de cette rencontre. Cet accord de ciel ouvert met en péril l’industrie du Transport aérien français, cette libéralisation ultralibérale va détruire des emplois et les conditions d’emplois
, s’insurgent les syndicats.