ADP : FO dénonce des mesures d’austérité sans précédent

InFO militante par Clarisse Josselin

Laurent GRANDGUILLOT/REA

Face à la baisse de l’activité aérienne, le groupe Aéroports de Paris (ADP) a annoncé le 9 juillet l’ouverture de négociations sur un accord d’activité partielle de longue durée (APLD), un accord de performance collective (APC) et un dispositif de rupture conventionnelle collective (RCC). Le syndicat FO dénonce une utilisation de la crise sanitaire pour tenter d’imposer des mesures d’austérité sans précédent pour les agents.

Après Airbus, après Air France, après Safran, c’est le groupe ADP (Aéroports de Paris), gestionnaire des aéroports de Paris, qui lance des mesures d’économies drastiques pour faire face à la crise sanitaire liée au Covid-19. Le 9 juillet, lors d’un CSE extraordinaire consacré à la stratégie pour les trois ans à venir, la direction a annoncé l’ouverture de négociations avec les organisations syndicales. L’objectif est d’adapter le modèle économique et social de la maison-mère ADP SAà la baisse de l’activité aérienne.

Trois dispositifs sont sur la table : un accord sur l’activité partielle de longue durée (APLD), un accord de performance collective (APC) et un accord de rupture conventionnelle collective (RCC). Tous trois nécessitent un accord majoritaire pour entrer en application. Dans le viseur : des suppressions d’emplois, une baisse des salaires et une remise en cause des droits.

Le P-DG s’apprête à organiser un plan d’austérité comme jamais il y a eu dans l’histoire d’ADP, alerte le syndicat FO ADP. La direction s’appuie sur la crise pour justifier l’injustifiable en se réfugiant derrière le fait que les caisses sont vides et qu’il n’y a plus de trafic.

De plus, la direction veut aller très vite. Le P-DG a déclaré à l’AFP qu’il souhaitait conclure les négociations avant fin septembre. Un nouveau CSE est d’ores-et-déjà programmé le 23 juillet. Ce jour-là, comme le 9 juillet derniers, FO ADP appelle les salariés à participer à un rassemblement au siège. Le syndicat dénonce le chantage à peine déguisé de la direction : s’il n’y a pas d’accord, il y aura des mesures unilatérales de la direction », souligne-t-il.

FO refuse tout licenciement

FO ADP, qui n’est pas représentatif, ne participe pas aux négociations, ce qui ne l’empêche pas de faire valoir ses revendications. En matière d’emploi, l’objectif de l’accord RCC est de supprimer des postes, même si la direction a refusé jusqu’à présent d’en donner un chiffrage. Fin 2019, ADP employait 6 447 salariés en CDI et CDD. La direction a été vague, mais on a compris qu’il n’y avait rien de bon à attendre, explique Fabrice Criquet, secrétaire général adjoint du syndicat FO ADP. Le P-DG a déclaré au JDD qu’il faudrait procéder à des ajustements de même nature que ceux des compagnies aériennes. Chez Air France, la suppression est de 16% de l’effectif. En projection, ça ferait un millier de postes supprimés chez nous. FO refusera tout licenciement et exige le maintien des emplois.

Le chômage partiel concerne encore près de 60% des salariés du groupe, contre 85% durant le confinement. Sur l’accord APLD qui pourrait s’appliquer durant deux ans, la direction a refusé de garantir le maintien intégral des salaires et des rémunérations, une revendication portée par la délégation FO.

Rachat du groupe indien GMR Airport

Sur l’accord de performance collective, tout est ouvert, l’organisation du travail, le salaire, le temps de travail, alerte Fabrice Criquet. Le syndicat FO s’inquiète aussi pour l’avenir du statut. Le P-DG a promis en CSE de ne pas toucher au statut, sauf si des organisations syndicales en étaient d’accord, ajoute-t-il. Mais il a refusé de s’engager sur le maintien du manuel de gestion qui vient en complément. Par exemple le statut dispose que nous percevons une prime en juin, mais c’est le manuel de gestion qui précise qu’elle est payée à hauteur de 95% du traitement de base. Le risque est de faire du statut une enveloppe vide.

Dans un communiqué commun daté du 22 juin, cinq syndicats, dont FO, rappelaient que la privatisation d’ADP était déjà porteuse de remise en cause d’acquis sociaux, du niveau d’emploi et de missions de l’entreprise. Crise sanitaire oblige, cette privatisation a été reportée à une date ultérieure par le gouvernement. Mais force est de constater que le P-DG use de la crise sanitaire pour maintenir ses projets, dénoncent les syndicats.

Il rappelle également que le groupe a contracté un prêt de 2,5 milliards d’euros en mars dernier. Cette somme a en partie servi à finaliser le rachat du groupe indien GMR Airport, dénonce le syndicat FO. La veille du CSE, la direction indiquait que cette opération coûtera 658 millions d’euros. Et on ose nous appeler à la solidarité et nous dire que les caisses sont vides.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante