Aéroports : les agents de sûreté en grève pour sauver leur 13e mois

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© UD FO 93

Les agents de sûreté aéroportuaire ont entamé le 16 novembre une grève illimitée à l’appel d’une intersyndicale incluant FO. Ils revendiquent principalement le maintien des conditions d’attribution actuelles de la prime PASA, l’équivalent d’un 13è mois.

Las de ne pas être considérés et alors que leurs conditions de travail se durcissent, les agents de sûreté des aéroports ont entamé le 16 novembre une grève illimitée à l’échelle nationale à l’appel d’une intersyndicale. Selon les déclarations préalables des grévistes, la mobilisation devait être forte à Paris, Clermont-Ferrand, Toulouse ou encore à Lyon. Dans la capitale, une manifestation a été organisée dans l’enceinte même de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. FO, syndicat majoritaire chez ICTS et Securitas, est moteur dans cette action.

L’agent de sûreté aéroportuaire, c’est la personne qui te pose des questions sur tes bagages, te tripote, te demande d’enlever ta ceinture et te confisque ta bouteille d’eau avant de monter dans l’avion, explique non sans humour Ghyslaine Saraiva, déléguée FO chez ICTS. Ce métier est né à la fin des années 1990, quand les agents de sûreté ont commencé à remplacer les policiers et gendarmes dans certaines missions. Une habilitation a été créée après les attentats de 2001. Ils sont aujourd’hui près de 8 000 dans toute la France, embauchés par diverses sociétés (ICTS, Securitas, Seris, APFS…).

Une prime conditionnée au temps de présence

Leur principale revendication concerne le maintien de la prime PASA (prime annuelle de sûreté aéroportuaire), l’équivalent d’un 13è mois. Elle avait été conquise de haute lutte en 2002, après un mois de grève. C’était pour nous récompenser. Dans le métier il faut passer une certification tous les trois ans. Si on la rate on n’a plus de boulot, explique la militante.

Jusqu’à présent, cette prime était versée à tout salarié présent dans l’entreprise au 31 octobre et justifiant d’au moins un an d’ancienneté. Mais à l’occasion de la négociation d’accords APLD suite à la crise sanitaire, diverses primes ont été remises en cause dans les différentes entreprises. Et en janvier dernier, l’accord PASA a été dénoncé au niveau de la branche par la chambre patronale le Sesa.

Une nouvelle négociation est en cours, avec une ultime réunion prévue le 19 novembre. En l’état actuel des discussions, les employeurs veulent durcir les conditions d’attribution de la prime en imposant une présence minimale de 1 205 heures par an.

Cela signifie que la prime ne sera plus versée aux salariés qui sont absents plus de 11 semaines et demi par an, quelle que soit la raison de cette absence, un arrêt maladie, un accident du travail, de l’activité partielle ou même un congé maternité, dénonce Ghyslaine Saraiva, qui fait partie de la délégation FO pour ces négociations. Chez nous le salaire moyen est de 1 758 euros bruts par mois, c’est par les diverses primes qu’on arrive à améliorer la rémunération. Elle rappelle aussi que ce secteur est très touché par les accidents du travail, avec un taux est de 8,76% chez ICTS, et comporte des pénibilités.

Renouvellement du marché de la sous-traitance en 2022

Les conditions de travail de ces personnels se sont fortement dégradées depuis la crise sanitaire. Si beaucoup de salariés se sont retrouvés en activité partielle dès le début de la crise, l’activité aéroportuaire s’est maintenue pour assurer les rapatriements et les escales. On n’avait pas de masques, on se prenait toute l’agressivité des passagers qui ne trouvaient rien à boire ni à manger dans l’aéroport, certains sont restés bloqués plusieurs jours dans la zone internationale, raconte la déléguée FO.

On n’a pas été applaudis aux fenêtres, on n’a pas eu de prime Covid, pour nous, la crise sanitaire a juste un impact financier, poursuit Ghyslaine Saraiva. Au début, on a accepté la situation, mais le patron en a profité pour essayer de nous tordre et aujourd’hui il gagne de l’argent, le secteur aéronautique relève la tête économiquement, ajoute-t-elle.

Les grévistes revendiquent aussi une hausse de salaire. La récente augmentation de 2,2% correspond uniquement à un alignement sur la hausse du Smic. La déléguée FO rappelle que de nouveaux appels d’offres seront lancés en 2022 pour renouveler les contrats de sous-traitance de la sûreté aéroportuaire. Pour remporter les contrats tout en conservant les mêmes bénéfices, les entreprises vont chercher à abaisser le coût de la masse salariale, c’est pour cela qu’elles s’attaquent à nos primes. Mais cela met les salariés en danger. Certains agents pourraient être amenés à refuser une prolongation d’arrêt de travail car ça leur coûterait trop cher de perdre la prime Pasa.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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