AESH : vers une mobilisation nationale au ministère le 19 octobre

InFO militante par FNEC FP FO, L’inFO militante, Maud Carlus

Manifestation du personnel AESH, Accompagnant des eleves en situation de handicap
Mathilde MAZARS/REA

Le combat continue pour les AESH (Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap), dont une nouvelle Convention nationale s’est tenue le 15 septembre. Visant à obtenir un véritable statut et un salaire décent, elles organisent une montée nationale au ministère le 19 octobre. Revue de détail de leurs revendications.

A la rentrée 2021, 400 000 enfants en situation en handicap sont désormais scolarisés en milieu ordinaire, a annoncé Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre et chargée des personnes handicapées. A leurs côtés : 125 000 AESH. Soit 3 enfants par AESH. Autre nouveauté : la généralisation des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) sur tout le territoire.

Mais ces chiffres, présentés comme une victoire, font grincer les dents des premières concernées, les accompagnantes. Un métier exercé en effet à une écrasante majorité par des femmes. Depuis des mois pour ne pas dire des années, elles luttent pour que leur profession soit enfin reconnue financièrement et administrativement. Or, résume Cécile Kohler, Secrétaire fédérale de la FNEC FP-FO à propos des annonces et des chiffres Tout ceci n’est que de la poudre aux yeux.

La lutte pour l’obtention d’un statut

Car le cœur du problème de la situation des AESH, c’est la précarité. Elles travaillent en effet 24h par semaine, pour un salaire d’environ 750 euros par mois. Un temps de travail considéré incomplet par l’administration, alors qu’il est lié au temps scolaire. Contractuelles de la fonction publique, elles vivent bien souvent en-dessous du seuil de pauvreté.

Fin août, face aux dernières mobilisations des AESH, notamment en avril dernier, une grille indiciaire a été instaurée par le ministère. Le décret du 23 août 2021 prévoit la création d’échelons, avec la progression à un échelon supérieur tous les trois ans. Un début de reconnaissance de l’ancienneté ? N’oublions pas qu’il y a des AESH qui après 15 ans, sont toujours au Smic, s’insurge l’élue.

Un système qui pénalise les enfants en situation de handicap

Pour ces professionnels, cela est donc loin d’être suffisant, car la différence sur les salaires sera de quelques dizaines d’euros. Pour FO, la solution, c’est l’intégration des AESH dans un corps de la fonction publique d’état avec un temps de travail de 24h rémunéré à 100%.

Autre revendication, qui sera portée lors de la journée du 19 octobre : la suppression des PIAL. Ce système d’organisation vise à mutualiser l’accompagnement des AESH en distribuant ces personnels sur différents établissements. Une nouveauté mise en place depuis la loi du 26 juillet 2019 ou « loi Blanquer », qui vise à favoriser la coordination des ressources au plus près des élèves en situation de handicap (les aides humaines, pédagogiques, éducatives, et, à terme, thérapeutiques) pour une meilleure prise en compte de leurs besoins.

Et ce choix d’organisation assorti d’une volonté d’une école à 100% inclusive inquiète les AESH. Ainsi, elle n’ont cessé de s’élever contre les PIAL. Pour la secrétaire fédérale, le gouvernement vise à Rationaliser les dépenses, faire des économies.

Quitte à ce que les enfants en pâtissent, poursuit-elle. En effet, explique-t-elle, Vouloir mettre tous les enfants ensemble dans la même école sans accompagnement spécifique, c’est nier la réalité des besoins des enfants qui ont chacun des besoins différents. Or, lorsque l’AESH n’est pas avec l’enfant en situation de handicap à l’école, c’est l’enseignant qui va se retrouver en difficulté. La conséquence de ce tout-inclusif, c’est que la totalité du maillon éducatif est impacté, au détriment des jeunes.

Sans les AESH, nous n’y arrivons pas et nous devons arrêter de travailler

Une réalité du terrain qui peine à être entendue par le ministère. La lutte contre l’école inclusive et les PIAL sera donc en tête de liste des revendications lors de la journée du 19 octobre à l’appel d’une intersyndicale comprenant FO. Aujourd’hui, la situation est catastrophique, certains enfants sont carrément déscolarisés, déplore Cécile Kohler, qui invite également les personnels enseignants ou encore les parents à se joindre à la mobilisation.

Et la militante de conclure : A la dernière convention nationale, une association de parents d’élèves en situation de handicap du Val-de-Marne est venue apporter son témoignage. Le message était sans appel : Sans les AESH, nous n’y arrivons pas et nous devons arrêter de travailler.

FNEC FP FO Enseignement, Culture et Formation professionnelle

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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