Agroalimentaire : des œufs en mauvaise position

Revue de presse par Michel Pourcelot

Révélé début août, le scandale des œufs contaminés au fipronil, insecticide utilisé contre des parasites de la poule tels le « pou rouge », ne cesse de s’étendre, amenant la presse à se poser quelques questions. Exemples.

Le Monde
Si le ministère de l’agriculture français se veut rassurant sur les conséquences sanitaires de cet épisode —bien que certains avis scientifiques soient plus nuancés—, ce scandale est un nouveau symptôme des dysfonctionnements du secteur industriel alimentaire européen. Les crises sanitaires se répètent, en effet, depuis la montée en puissance du modèle agroalimentaire intensif. Le scénario —un produit, qui n’aurait pas dû être là, se retrouve dans les assiettes des consommateurs— surprend souvent par l’ampleur géographique qu’il prend. Des œufs qui font tache d’huile.

L’Express
Et de vrais œufs de Colomb qui voyagent au-delà des mers : Premier pays d’Asie concerné, Hong Kong a indiqué avoir trouvé des œufs néerlandais contaminés, a précisé l’exécutif européen. Hong Kong a déclaré samedi (12 août) que les autorités locales renforçaient leurs contrôles. Dont elles n’ont pas précisé le niveau antérieur.

L’Écho Républicain
L’affaire couve-t-elle depuis longtemps ? La Belgique a reproché aux Pays-Bas de ne pas avoir informé plus rapidement ses voisins européens malgré la découverte dès novembre 2016 d’un insecticide dans des œufs. L’agence néerlandaise de la sécurité alimentaire, la NVWA, s’est défendue de ne pas avoir tué le problème dans l’œuf : Un de ces signaux est arrivé en novembre 2016 comme tuyau anonyme auprès de la NVWA sur l’utilisation illégale de biocides (fipronil) lors du nettoyage de poulaillers pour lutter contre le pou rouge [un parasite qui s’attaque aux poules, NDLR]. À ce moment-là, il n’y avait aucune indication d’un risque aigu pour la sécurité alimentaire. Il n’y avait pas d’indication que du fipronil pourrait se trouver aussi dans les œufs. Une relation entre l’œuf et la poule serait-elle donc possible ?

Le Point
Alors l’œuf ou la poule ? Les deux ! Car il y a un phénomène de bio-accumulation avec la consommation d’œufs contaminés, mais aussi avec la chair des poules infectées, car si les œufs le sont, c’est bien parce que l’animal que vous êtes susceptible de consommer l’est initialement. Ainsi la fréquence et le degré d’exposition conditionnent la concentration en cette substance, que l’on soupçonne d’être un perturbateur endocrinien. Or, cette concentration peut être non négligeable pour les forts consommateurs d’œufs, de produits dérivés et de chair de poule (parties grasses). Le risque sanitaire existe sur les plans digestifs, neurologiques et endocriniens, mais actuellement difficilement quantifiable individuellement, explique le docteur Laurent Chevalier, praticien attaché au CHU de Montpellier. Qui précise quelques précautions comme ne pas consommer les produits industriels dérivés à base d’œufs (viennoiseries comme les brioches, certaines pâtes, mayonnaise…) et de plats préparés à base de poulet dont l’origine de tous les ingrédients n’est pas clairement mentionnée. Les fabricants ont subi cette fraude à leur insu. Votre vigilance s’impose. Quand on rogne les ailes des contrôles étatiques, c’est le particulier qui mange.

L’Usine nouvelle
En France, où 250 000 œufs ont été mis sur le marché, on a alors jeté un œil sur l’œuf : l’Agence de sécurité de l’alimentation (Anses) s’est penchée sur la question. Ce vendredi 11 août 2017, les autorités sanitaires ont finalement donné leur verdict : le risque pour la santé en cas de consommation d’œufs contaminés est qualifié de très faible au vu des niveaux de fipronil qui sont constatés dans les œufs contaminés, mais aussi au vu des habitudes françaises de consommation alimentaire. Plus précisément, l’Anses affirme que les enfants âgés de 1 à 3 ans peuvent consommer 1 œuf contaminé par jour (et ce chiffre monte à 10 œufs par jour pour les adultes) sans s’exposer à un risque aigu. Pas de quoi s’affoler, donc.... Les œufs sont bien gardés.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante