Aide au développement oui, aide aux multinationales non, explique FO

Mise au point par Evelyne Salamero

© Sven Torfinn/PANOS-REA

L’aide publique au développement a toujours été un enjeu important pour le mouvement syndical international, qui entend veiller à ce qu’elle cible le développement économique et social à long terme. Et rien d’autre.

Consacrer 0,7 % de leur richesse nationale au développement des pays pauvres : tel est l’objectif que se sont fixé les dirigeants des pays développés lors d’une assemblée générale de l’ONU voilà… quarante-sept ans.

De source OCDE, l’aide publique au développement (APD) provenant des 29 pays membres de son comité d’aide au développement ne représente toujours en moyenne que 0,32 % du revenu national brut. Et si son volume a progressé dans la majorité des pays donneurs, doublant au total depuis 2000, il convient toutefois de relativiser ce résultat dans la mesure où les chiffres incluent l’aide ponctuelle consacrée aux réfugiés.

Pour le mouvement syndical international, l’aide humanitaire immédiate ne doit pas être comptabilisée comme un élément de l’aide au développement. Une préoccupation exprimée par FO au sein du CNDSI (Conseil national pour le développement et la solidarité internationale), dont le groupe de travail relatif aux migrations et au développement a souligné la nécessité de veiller à ce que les budgets d’aide au développement ne soient pas détournés pour soutenir les interventions d’urgence à court terme.

Respect des normes sociales et environnementales

Quand on parle d’aide au développement, il faut avant tout se mettre d’accord sur ce que l’on entend par là, explique Andrée Thomas, secrétaire confédérale chargée du secteur international, soulignant aussi : L’aide au développement ne doit pas devenir une manne pour les multinationales, pour les aider à accroître leurs profits. Toute la difficulté consiste notamment à empêcher que l’aide publique au développement soit utilisée dans l’objectif de créer de nouveaux marchés juteux pour les multinationales, profitant d’un faible coût du travail, sans respect des normes sociales et environnementales notamment.

Pour FO, explique la secrétaire confédérale, les projets doivent surtout s’inscrire dans la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU, en particulier le huitième, à savoir l’accès à des emplois décents. FO revendique aussi que l’aide au développement reste publique dans son contrôle et son suivi. 

La conférence internationale d’Addis-Abeba, en juillet 2015, a mis l’accent sur la nécessité de développer des financements innovants, parmi lesquels les partenariats public-privé, une façon de masquer le désengagement des États, dénonce FO.

Enfin, l’aide passe plus par des prêts que par des dons. Des prêts qui, s’ils sont « concessionnels », à savoir inférieurs d’au moins 25 % au taux du marché, n’en restent pas moins une source d’endettement. 

 

Focus : L’ambition française tiendra-t-elle ses promesses ?
Le gouvernement a annoncé en juillet que le budget de l’aide publique au développement (APD) sera lui aussi amputé, de 140 millions, en 2017. Il faut espérer que les décisions budgétaires des années suivantes répondront mieux à l’engagement réaffirmé du président de mettre la France en position d’atteindre l’objectif onusien de 0,7 % en 2030… En 2012, le pays avait été condamné pour en être trop éloigné et pour la part trop importante des prêts dans son aide publique. En 2016 encore, l’APD française a consisté en 84 % de prêts et 11 % de dons et subventions.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante