Alors que des négociations annuelles obligatoires sont programmées pour mai 2023, la direction d’Air France a annoncé deux mesures salariales. La première concerne des augmentations successives, l’une de 2 % en novembre 2022, la suivante de 2,5 % en février 2023. Elles seront complétées par une prime visant à ce qu’aucune augmentation ne soit au final inférieure à 130 € (montant qualifié de valeur plancher) : concrètement tous les salaires en dessous de 2 880 € bénéficieront de cette prime. Cette augmentation se fonde sur le salaire de référence, hors ancienneté, donc une bonne partie des salariés pourra en bénéficier
, précise Christophe Mallogi, secrétaire général de FO Air France (SGFOAF), premier syndicat dans l’entreprise.
Ce n’est pas la première fois que la direction du groupe décide seule. En février 2018, alors que la moitié des syndicats représentatifs refusaient un accord avec deux augmentations successives de 0,6 % puis 0,4 %, elle décidait d’appliquer unilatéralement la revalorisation. Ce qui avait conduit à un conflit social mené jusqu’en mai 2018 et émaillé de quelques 15 journées de grève.
Un climat social décisif
La direction a-t-elle craint le retour d’un climat social délétère pour l’image du transporteur aérien ? L’affaire de la chemise arrachée du directeur des ressources humaines en 2015 avait fait le tour du monde… Ce qui n’avait pas interrompu un gel des salaires entamé en 2012. Et le climat social s’est à nouveau dégradé cet été dans le secteur aérien européen. Les grèves se sont multipliées cet été au sein des compagnies : Ryan Air, British Airways, Easy Jet, Brussels Airlines, Scandinavian Airlines-SAS… D’autres ont dû supprimer des vols ou retirer des sièges de la vente faute de personnel en nombre suffisant. Et les aéroports ont été passablement perturbés faute de personnels au sol pour gérer les bagages.
La direction d’Air France affiche cette fois sa volonté de prendre les devants, même si elle a consulté les organisations syndicales au préalable. L’augmentation n’est pas négligeable, surtout au regard de la situation de l’entreprise, surendettée, même si les résultats de l’été sont bons,
Après l’absence d’augmentation générale négociée pour 2021 et 2022, pour un salaire de base hors ancienneté de 1 800 euros, l’augmentation mensuelle cumulée à l’échéance de février 2023 atteindra + 7,22 % (pour un salaire de base hors ancienneté de 3000 euros, elle représente + 4,55%).
Sur les douze derniers mois, l’inflation atteignait en France 5,9 %. Elle pourrait atteindre 6,5 % en décembre, selon les estimations de l’Insee.
Parallèlement la direction du groupe a annoncé une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 1 000 € qui sera versée mi-octobre a tous les salariés au prorata de leur temps de travail. Enfin, elle s’est engagée sur une augmentation générale minimal de 0,5 % lors des NAO 2023. D’ici là, nous nous positionnerons en fonction de différents facteurs,