Air France : fracture ouverte ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Crash de l’emploi et clashs avec des dirigeants à la réunion au comité central d’entreprise : Air France a incontestablement occupé ces derniers jours la « une » des médias. Réactions et envolées diverses, entre autres, sur le dialogue social n’ont pas manqué.

L’Obs
« Le visible et l’invisible. Deux violences dos à dos. La violence physique visible, télégénique, médiatisée, exercée sur deux dirigeants d’Air France, contre la violence sociale invisible de 2 900 suppressions de postes. Toujours la même opposition, irréductible. Toujours ce même ping-pong intérieur, des deux violences : par laquelle suis-je, devrais-je être le plus indigné ? Pourquoi celle-ci me laisse-t-elle plus indifférent que celle-là ? Puis-je m’indigner des deux ? », s’interroge Daniel Schneiderman, fondateur d’@rrêt sur images, site de réflexion critique sur les médias.

Capital
Car « on en oublierait presque qu’Air France a aussi annoncé lundi aux représentants du personnel qu’elle comptait supprimer 2 900 postes et retirer 14 avions de sa flotte long-courrier d’ici 2017, dans le cadre d’un "plan B" mis en œuvre après l’échec de ses discussions avec les pilotes, selon deux sources syndicales citées par Reuters ».

Le Figaro
Et si la presse anglo-saxonne est choquée, la tonalité est un peu différente ailleurs en Europe où, « l’affaire était également largement relatée par les sites de presse. "Le DRH d’Air France a failli se faire lyncher" titre La Tribune de Genève. "Air France confirme 2 900 suppression de postes, les employés se révoltent" rapporte, images à l’appui, le quotidien italien La Republica. "Rébellion à Air France" titre de son côté le site du quotidien espagnol El Pais. En Belgique, Le Soir, parle de "la colère de quelques travailleurs après l’annonce de 2 900 suppressions d’emplois" par la direction d’Air France "molestée". De son côté, le quotidien Die Welt, compare la situation chez Air France à celle de la Lufthansa, compagnie allemande qui a connu récemment un long bras de fer entre la direction et le syndicat des pilotes ». Le modèle allemand ?

Ouest-France
Et le modèle Air France ? : « Cela avait été un cas unique en France de relations sociales apaisées et économiquement très efficaces. Pour des facteurs exogènes (concurrence...), la situation s’est détériorée. Après, c’est un autre débat, est-ce que le changement de présidence à Air France y est pour quelque chose ? Il faudra regarder", analyse Jean-François Amadieu, professeur à l’université Paris 1 et spécialiste des relations sociales. Quoiqu’il en soit, « les syndicats "condamnent" les violences contre les dirigeants d’Air France et lancent un appel au calme. Ils reprochent à la direction d’avoir laissé monter l’exaspération ».

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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