Après s’être inquiétées depuis des mois d’un code vestimentaire à respecter pour travailler sur la ligne de Téhéran, les hôtesses d’Air France ont fait savoir qu’elles refusaient de porter le voile ainsi que leur ordonnait récemment une note de la direction soucieuse de respecter le code vestimentaire religieux iranien.
La note indiquait en effet que le personnel féminin (67% des PNC sont des femmes) devait « porter un pantalon durant le vol, une veste ample et un foulard recouvrant les cheveux à la sortie de l’avion ». Il était demandé aux hôtesses d’utiliser le foulard de leur uniforme en guise de voile.
La Direction « voulait passer en force et prévoyait de sanctionner celles qui refuseraient de travailler sur la ligne de Téhéran » s’insurge Christophe Pillet pour le SNPNC-FO rappelant comme primordial « la liberté de la femme » et « le respect de la liberté de conscience et des libertés individuelles des hôtesses à qui l’on impose une tenue religieuse en uniforme ».
Un refus ne sera pas sanctionné
Face à une protestation médiatisée des hôtesses soutenues par leurs syndicats lesquels ont soulevé le problème lors d’un CHSCT le 1er avril puis lors d’une rencontre avec la direction le 4 avril, la compagnie a été contrainte d’opter pour un « dispositif d’exception » soit ce « nolontariat ».
Les hôtesses (près de 7 000 affectés aux vols long-courrier) et les pilotes femmes pourront donc se déclarer « non volontaires » pour la ligne et cela « sans déstabilisation de leur planning, sans sanction financière ou disciplinaire ni aucune mention dans le dossier professionnel » se félicitent les trois syndicats représentatifs des PNC (FO, Unsa et Unac).
De son côté la Fédération FO des Transports (FEETS-FO) apportait son soutien à l’action des PNC et invitait le gouvernement à « veiller au respect de la liberté fondamentale de conscience pour les salariés d’une compagnie où l’État demeure le principal actionnaire ».
Pour la ministre des Droits des femmes, Mme Laurence Rossignol, la mesure de novontariat « préserve les intérêts économiques de l’entreprise et la conformité aux lois du pays de destination tout en respectant la liberté de conscience du personnel navigant ».
« Dès l’ouverture de la ligne il faudra surveiller les plannings et vérifier si effectivement le nolontariat s’applique correctement » indique quant à lui Christophe Pillet tandis que la Direction s’empresse de préciser que le dispositif d’exception ne s’appliquera que pour la ligne de Téhéran.
Pour l’instant en effet cette mesure ne s’applique pas aux vols en direction de l’Arabie Saoudite par exemple.
Les hôtesses ne sont pas voilées à bord de l’avion explique Christophe Pillet. A l’arrivée en escale toutefois, pas question d’aller faire du tourisme en uniforme d’Air France dans les rues saoudiennes.
Le personnel féminin non voilé est pris en charge dans un lieu isolé de l’aéroport et amené directement à l’hôtel… d’où il ne ressortira que pour reprendre un vol vers Paris.