Allemagne : la croissance portée par les augmentations de salaires

Europe par Evelyne Salamero

Cinq jours après la signature d’un accord dans la métallurgie, c’est au tour du syndicat allemand du BTP d’avoir obtenu ce 18 mai à l’aube une augmentation des salaires d’environ 5% sur deux ans.

Le syndicat IG BAU a obtenu 4,6% d’augmentation des salaires sur 22 mois pour les salariés du Bâtiment à l’Ouest du pays (ex-RFA) et de 5,3% à l’Est.

Le 13 mai, le syndicat IG Metall avait donné le “la“ dans l’industrie en obtenant 4,8% d’augmentation sur 21 mois pour les 3,8 millions de métallos allemands. Ces derniers vont d’abord percevoir une prime de 150 euros par mois avec effet rétroactif d’avril à juin 2016, puis une augmentation de 2,8% à compter du 1er juillet. Ils percevront une nouvelle hausse de 2% au 1er avril 2017.

Des augmentations supérieures à l’inflation

A l’origine, le syndicat IG Metall revendiquait 5% d’augmentation sur un an, mais le patronat refusait d’aller au-delà de 2,1% sur deux ans.

Plusieurs débrayages d’avertissement, auxquels ont participé 760 000 métallurgistes, ont pesé sur la négociation entamée en mars dernier ainsi que la menace de mouvements de grève de 24 heures à partir de la semaine prochaine.

L’accord prévoit toutefois que les entreprises en difficulté puissent obtenir des aménagements, comme l’annulation de la prime de 150 euros et le report de un à trois mois de la seconde augmentation. Il reviendra alors aux structures régionales syndicales et patronales de négocier ces dispositions.

Cela étant dit, cette augmentation, bien qu’étalée sur deux ans, est nettement supérieure à l’inflation (-0,1% sur un an en avril).

Dans les services, le secteur des télécommunications avait déjà obtenu fin avril une augmentation de 4,3% pour les deux prochaines années.

La hausse de la demande intérieure compense la baisse des exportations

Conséquence de la crise mondiale, depuis plusieurs années déjà, l’Allemagne n’exporte plus assez pour que son commerce extérieur suffise à alimenter la croissance de son économie.

Ces derniers mois, même les importations des pays émergents comme la Chine et le Brésil faiblissent et ne compensent plus les pertes de marchés enregistrées par l’Allemagne auprès de ses autres clients, en particulier les pays européens.

Et pourtant, la croissance de l’économie allemande vient d’enregistrer sa plus forte progression depuis deux ans : + 0,7% au premier trimestre 2016. L’explication est sans ambiguïté : la première économie européenne a été tirée principalement par la demande intérieure, nourrie par la consommation des ménages et les investissements, selon l’office des statistiques Destatis.

C’est en 2012, après une décennie de sévère modération salariale, que les dirigeants allemands ont dû décider de lâcher du lest sur les salaires pour relancer la demande intérieure et pallier ainsi la baisse de la demande extérieure.

Mais plusieurs voix appellent à de nouvelles réformes structurelles

L’augmentation des dépenses publiques, en particulier du fait de l’accueil des réfugiés, a aussi joué un rôle. Le regain des investissements concerne avant tout le secteur du bâtiment, l’exceptionnelle douceur des températures ayant favorisé l’ouverture de chantiers.

Pour autant, plusieurs analystes s’inquiètent de la faiblesse des investissements des entreprises et, se faisant l’écho des demandes récentes du FMI (Fonds monétaire international), en appellent à de nouvelles réformes structurelles en vue de diminuer le coût du travail …

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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