Amazon : la bataille pour la syndicalisation ne fait que commencer

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Jim WEST-REPORT DIGITAL-REA

Le syndicat national américain RWDSU, que des employés de l’entrepôt Amazon de Bessemer (Alabama) voulaient rejoindre, dénonce le lobbying agressif du géant du e-commerce afin de faire échouer le vote pour la syndicalisation.

La révolution n’aura pas lieu. Ou pas tout de suite. Pour autant, ce n’est pas un échec, c’est le début de la bataille, appuie Marjorie Alexandre, secrétaire confédérale au secteur international de FO. Le 9 avril, le décompte des voix a été rendu public. Sur les 3 215 bulletins de vote déposés, 1 798 étaient opposés à la syndicalisation au sein de l’entrepôt d’Amazon à Bessemer, en Alabama, et 738 seulement étaient pour.

Ces derniers mois, tous les yeux du pays étaient tournés vers cet État du Sud, dans lequel la naissance d’un syndicat au sein d’un des entrepôts du deuxième employeur du pays aurait constitué un bouleversement national. L’entrepôt compte 5 800 salariés.

Si le géant du e-commerce est soulagé, le syndicat RWDSU (Retail, Wholesale and Department Store Union), qui représente aux États-Unis les salariés de la distribution, ne s’avoue pas vaincu. Il a annoncé avoir porté plainte contre le géant du commerce en ligne, pour comportement illicite.

Une atmosphère de peur des représailles

L’organisation syndicale accuse en effet Amazon d’avoir mené une campagne aux pratiques illégales et d’avoir créé une atmosphère de confusion, de coercition et/ou de peur des représailles, interférant ainsi avec le libre choix des employés. Une vingtaine de recours ont été déposés auprès de l’agence fédérale chargée des élections syndicales. Le RWDSU demande la suspension des résultats du vote.

FO, de son côté, a fait part de sa solidarité syndicale et de son soutien à ses camarades de l’AFL-CIO (Fédération américaine du travail, principal regroupement syndical des États-Unis) et à ceux de la RWDSU. Même si nous aurions évidemment préféré que le oui l’emporte, les pressions exercées par Amazon sur les salariés pour les décourager montrent qu’en réalité, la victoire était très proche. La bataille qui se joue partout dans le monde à présent, c’est celle du droit syndical et de la liberté de constituer un syndicat, martèle Marjorie Alexandre.

Et de rappeler que les victoires sont parfois longues à obtenir. Il ne faut pas rester sur une déception, si nos prédécesseurs avaient baissé les bras lors des grandes luttes qui ont marqué l’histoire syndicale, nous n’aurions jamais obtenu ce que nous connaissons aujourd’hui.

Amazon, farouchement opposé à toute syndicalisation, a connu une année de croissance spectaculaire, dans le contexte de la pandémie. Son chiffre d’affaires a progressé de 38 % en 2020, atteignant 386 milliards de dollars. Un succès qui repose sur une nouvelle logique commerciale (avec les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, qui dominent le marché du numérique) dont les syndicats entendent se saisir.

Ce que ce vote révèle, au-delà des conditions de travail chez Amazon, c’est que le syndicalisme international doit aujourd’hui faire face à cette économie émergente que représentent les géants numériques, souligne la secrétaire confédérale.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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