Les annonces du Premier ministre, à l’issue du Conseil des ministres et à la veille d’une journée de grève interprofessionnelle à l’initiative de Force Ouvrière et de 3 autres organisations syndicales, ne font que confirmer, d’une part, le cap suivi et maintenu par le gouvernement et, d’autre part, la nécessité de l’action syndicale traduite par la journée de grève et de manifestations syndicales du 9 avril avec le slogan : « Ça suffit ! Maintenant, le social ».
Au menu, des annonces sur l’investissement que l’on ne peut guère évaluer aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les investissements publics, et qui, en tout état de cause, pèseront sur le budget de l’État. Certes, le Premier ministre a indiqué un geste fiscal de 2,5 milliards sur 5 ans à destination des entreprises. Mais il est difficile d’en mesurer aujourd’hui l’impact et le risque d’effet d’aubaine.
Un ensemble de mesures sporadiques ne fait pas une politique publique d’investissement.
Une chose est claire, dans les propos du Premier ministre, le maintien du cap des réformes du marché du travail, ce qui est source d’inquiétudes pour Force Ouvrière.
En effet, tout en continuant à s’entêter sur les effets éventuels du pacte de responsabilité, sur lequel Force Ouvrière avait, dès l’origine, répété à l’envi qu’il ne pouvait pas y avoir d’effet du fait du manque de ciblage des aides, le Premier ministre a annoncé de nouveaux chantiers à caractère social, dont deux conférences thématiques et la création d’un compte personnel d’activité en 2017.
S’agissant des conférences thématiques, une avait déjà été programmée pour juin sur l’emploi dans les PME. Un des sujets sera la simplification de la réglementation du travail. Le Premier ministre affirme ne pas vouloir remettre en cause le CDI, mais on peut s’attendre à toute la panoplie de la flexibilité qu’on a pu constater, ici ou là, et déjà évoquée à maintes reprises (contrat de chantier élargi, contrat de mission, contrat adapté aux PME ou TPE …). Une autre conférence thématique, à l’automne prochain, suivra les travaux d’un groupe de travail, confié à l’ancien directeur du travail, sur la place de la négociation collective et plus largement sur une « modernisation en profondeur de notre système de relations sociales ».
Nous avons toutes les craintes à avoir sur cette annonce constatant déjà, avec le projet de loi dit Rebsamen, un contournement syndical. En prévoyant désormais que dans toutes les entreprises, il pourra y avoir des négociations en absence de délégué syndical et sans aucune validation, pourtant prévue jusqu’à maintenant par des commissions de branche, sont attaqués d’ores et déjà les fondements de la négociation collective, à savoir : la négociation avec un délégué syndical et la hiérarchie des normes.
Dans ce contexte, la journée du 9 avril d’appel, par Force Ouvrière, à la grève interprofessionnelle et à des manifestations sur l’ensemble du territoire prend tout son sens vis-à-vis des attentes des salariés du public comme du privé, actifs, chômeurs et retraités qui ont principalement des attentes en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, et de service public, ce qui nécessite une vraie réorientation de la politique économique .