Apave : FO pleinement mobilisée pour la défense des acquis sociaux

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

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A l’appel de l’intersyndicale comptant FO, 25 à 30 % des 8.500 salariés français du spécialiste de la gestion des risques en entreprise ont fait grève le 7 juin. Une mobilisation historique à la hauteur des menaces que font peser les changements d’organisation et l’entrée prévue au capital d’un fonds d’investissement.

Du jamais-vu dans le groupe Apave ! Le 7 juin, entre 25 % et 30 % des 8 500 salariés français du leader tricolore de l’inspection industrielle, né il y a 150 ans lorsque les industriels ont mutualisé les moyens nécessaires au contrôle des machines à vapeur à des fins de sécurité, ont débrayé à l’appel de l’intersyndicale de quatre organisations dont FO. La mobilisation a été massive dans les 130 agences, certaines d’entre elles comptant jusqu’à 92% de grévistes !

C’est un coup de semonce pour la direction. L’ampleur de la mobilisation montre le mécontentement généralisé face à la dégradation des conditions de travail et aux propositions indécentes de la direction dans le cadre de la négociation du futur socle social commun. Les salariés ne toléreront pas une diminution de leurs avantages acquis !, martèle Vincent Bonnier, délégué central FO de l’Apave Sud Europe.

Un groupe en pleine réorganisation

Le moment est crucial pour le groupe de 12 400 salariés au total (les 45 implantations à l’international comprises), qui teste et contrôle des infrastructures pour des industriels comme EDF, ou Veolia : il est à l’orée d’une complète réorganisation, à la fois dans ses activités et capitalistique. Les évolutions réglementaires françaises, qui exigent la séparation des activités d’inspection de celles dédiées à la formation et à l’assistance techniques, vont conduire au regroupement au 1er janvier 2023 des quatre entités territoriales, intervenant aujourd’hui dans ces différents secteurs, en deux entités nationales, aux activités bien distinctes.

Cette réorganisation est assortie d’une harmonisation des statuts et acquis sociaux, ainsi que d’un passage de la convention collective (CC) de la Métallurgie à celle de Syntec, jugée moins avantageuse par les salariés. Ces évolutions, qui passent par la constitution d’un socle social commun à l’ensemble des salariés, doivent être effectives dès janvier 2022, à l’issue de plus d’un an de négociations.

Ensuite, le groupe jusqu’à présent détenu à 100 % par ses adhérents (des dizaines de milliers d’entreprises-clientes) a tourné en mai dernier la page d’un actionnariat 100 % associatif, datant de 150 ans. L’Apave a décidé d’ouvrir 30 % de son capital au fonds d’investissement PAI afin de soutenir le plan stratégique 2021-2025 (appelé Boost) et d’accélérer les acquisitions, principalement à l’international. Ce plan prévoit, sur la période, 10 % de croissance annuelle du chiffre d’affaires (900 millions l’an passé) et, à terme, une entrée dans le top 5 mondial des spécialistes du contrôle des risques et de la certification, voire une entrée en bourse.

Dégradation des conditions de travail

Ce changement actionnarial suscite la défiance des salariés. L’arrivée de cet investisseur externe marque l’entrée dans une logique de capitalisme financier, avec une recherche de rentabilité à outrance, et des remontées exigées de dividendes. Selon les informations communiquées en CSE (comité social et économique), l’Apave garantit à PAI de repartir dans cinq ans avec 2,5 fois sa mise de 250 millions d’euros, soit un minimum de 625 millions d’euros ! Nous refusons les conséquences sociales de cette arrivée, qui va accroître la pression sur les salariés, explique le militant FO.

D’autant qu’elle s’inscrit dans un contexte de dégradation des conditions de travail, marquée par une augmentation de la charge de travail, avec des moyens insuffisants. Les inspecteurs de terrain, connus pour leur très haute technicité, vivent très mal la réduction drastique du temps de visite en entreprise, majoritairement divisé par deux depuis 2020. Cela met en question la qualité de leurs interventions. Ils ne veulent pas être réduits à mettre des croix dans des cases !, précise Vincent Bonnier.

La réduction continue des emplois, notamment chez les administratifs dont les effectifs ont chuté de 8 % entre 2017 et 2019, est un autre point important de crispation.

L’engagement d’une harmonisation sociale à « iso-coût » balayé ?

Dans ce contexte explosif, les propositions a minima de la direction, malgré son engagement de conduire l’harmonisation sociale à « iso-coût » (coût identique, NDLR), ont allumé la mèche. Les négociations sont plus que laborieuses. Les premières propositions de la direction étaient indécentes et les nouvelles ont toujours été nivelées par le bas, commente le délégué central FO de l’Apave Sud Europe.

Ainsi, l’Apave a d’abord proposé d’harmoniser le nombre de JRTT sur le régime le moins favorable de toutes les entités soit 10 jours par an (le compteur JRTT le mieux-disant est actuellement de 15 jours), avant de concéder 12 jours puis 12,5 jours... juste avant la grève. Également envisagée, une extension des forfaits-jours sans apporter la moindre augmentation de salaire ni des jours de repos supplémentaires, ajoute Vincent Bonnier.

La prime d’ancienneté ? Elle serait maintenue mais n’évoluerait plus, et serait déduite de la prime vacances (300 à 400 euros par an) qui est, ajoute le militant FO, le seul avantage réel de la convention collective Syntec. Ce tour de passe-passe serait favorable à ceux qui n’ont pas ou peu d’ancienneté et aux cadres. Mais il reviendrait à faire disparaître la prime d’ancienneté pour les salariés les plus anciens dans l’entreprise, les personnels administratifs et les techniciens. Et d’autres primes viendraient aussi réduire la prime de vacances Syntec. Globalement, les salariés ne pourraient qu’y perdre. Encore proposées, une réduction du forfait-repas ou des compensations apportées aux longs temps de déplacement professionnels des itinérants (pour se rendre du domicile au premier client et du dernier client au domicile).

Dans l’état actuel, nous courrons le risque de tout perdre. Si les négociations n’aboutissent pas à la signature d’accords, nous reviendrons à l’application stricte du Code du travail et de la convention collective Syntec, explique le militant FO.

Les équipes FO pleinement mobilisées

Les salariés l’ont bien compris, signifiant leur opposition par leur mobilisation inédite. Ils semblent avoir été entendus. En tous cas, la direction a sensiblement amélioré sa copie. Dans les jours suivants la grève, elle a officialisé sa proposition de 12,5 JRTT, avec une mesure transitoire pour les salariés qui ont aujourd’hui 14 ou 15 JRTT. Elle s’est engagée à passer les tickets restaurant à 8 euros ou à revoir à la hausse sa proposition sur le forfait-repas des itinérants, de 17 à 18 euros.

Les salariés attendent de pied ferme les futures propositions de la direction. Faute de quoi une relance du mouvement est inéluctable, et dès septembre. Il reste encore six mois de négociations, prévient Vincent Bonnier, délégué central FO de l’Apave Sud Europe.

Dans ce tournant historique pour l’Apave, les équipes FO restent pleinement mobilisés pour une juste reconnaissance du travail des salariés qu’elles informent de l’évolution des négociations, via des groupes WhatsApp locaux, régionaux et au niveau national, ainsi que par des visioconférences, tous les mardis, qui ont été baptisées « Les mardis de la lutte ».

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération