Après une grève qui a paralysé le port de Calais, FO obtient satisfaction

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© Gao Jing/XINHUA-REA

FO a appelé le personnel de la capitainerie du port de Calais à faire grève le 24 septembre pour obtenir une meilleure rémunération et la reconnaissance de ses qualifications et responsabilités. Ces revendications ayant été satisfaites, le mouvement a été levé dans la soirée.

Nous sommes très satisfaits, ça faisait longtemps que nous n’avions pas obtenu autant du ministère, où le dialogue social est très dur, se félicite Etienne Castillo, secrétaire fédéral du secteur maritime et portuaire à la fédération de l’Equipement, de l’Environnement, des Transports et des Services Feets-FO.

Le 24 septembre, le syndicat national des officiers de port SNOP-FO a appelé les personnels de la capitainerie de Calais à une grève de 24 heures reconductible. Les officiers et officiers adjoints de port sont des fonctionnaires d’État, qui jouent dans le domaine maritime le même rôle qu’un aiguilleur du ciel dans le domaine aérien. Sans eux, pas de trafic possible. Résultat, dès 8 heures ce 24 septembre, plus aucun bateau n’a circulé dans les eaux portuaires de Calais. La mobilisation a aussi entraîné des perturbations sur le réseau routier et l’accès au tunnel sous la Manche.

Il existe deux types de ports, les grands ports autonomes comme La Rochelle ou Bordeaux, sous tutelle de l’État, et les ports décentralisés, qui sont confiés aux collectivités locales, explique Etienne Castillo. Calais est le quatrième port de France, avec un trafic et des enjeux importants, mais il est décentralisé. Il appartient à la région qui a concédé sa gestion à une entreprise privée.

Au cœur de leurs revendications, les grévistes dénonçaient une différence de traitement par rapport au personnel d’autres grands ports. Une réforme du régime indemnitaire intervenue en août dernier a notamment entraîné une baisse de rémunération pour les nouveaux arrivants dans le grade. Ils exigeaient aussi la reconnaissance de leurs responsabilités.

Trafic en hausse, effectifs en baisse

Auparavant, les textes tenaient compte des activités du port et du trafic pour établir le régime indemnitaire, explique Eric Destable, capitaine de port à Calais et ancien secrétaire général du SNOP-FO. Calais, c’est 47 millions de fret par an, et 75 bateaux actuellement par jour, soit plus d’activité que les trois quarts des ports français. Or désormais, le régime est établi selon la fonction. Nous demandons une reconnaissance des compétences des agents et le maintien des spécificités. D’autant plus que dans un an, le port va doubler de taille sans augmentation de personnel.

La Feets-FO rappelle dans un communiqué que le port de Calais est le plus grand port de passagers d’Europe continentale, qui affronte simultanément la crise sanitaire du Covid-19, le Brexit, ainsi que la crise migratoire européenne. Par ailleurs, l’extension du port, dans le cadre du projet Calais 2015, vise une augmentation de trafic de 30% sur deux bassins dès 2021, avec des effectifs pourtant en baisse. Il est donc tout à fait inacceptable qu’avec des responsabilités accrues, les officiers de port et officiers de port adjoints voient leur rémunération baisser au regard des rémunérations au niveau national, souligne la Feets-FO. Il est même incompréhensible que leur rémunération ne soit pas mise en adéquation avec les enjeux auxquels ils sont confrontés quotidiennement.

Une rencontre a eu lieu vers 17 heures entre les officiers du port et le préfet. Les revendications ayant été satisfaites, la grève a été levée en début de soirée. Si ces annonces venaient à ne pas être confirmées par le ministère de la Transition écologique, nous serions dans l’obligation de redéposer un préavis, prévient Yann Poulmarc’h, représentant Feets-FO du personnel de la capitainerie de Calais.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération