A Fos-sur-Mer, l’inquiétude grandit pour les 2500 salariés de l’usine d’ArcelorMittal, fabricant d’acier pour l’industrie automobile et pétrolière. Le 8 juillet, lors d’un CSE, le directeur de l’usine a confirmé aux syndicats la non-réouverture « durable » d’un haut-fourneau, fermé depuis octobre. L’usine de Fos-mer, qui dispose de deux hauts-fourneaux, continuera donc de fonctionner avec un seul.
ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, évoque une crise de la production européenne, laquelle doit faire face aux importations d’acier chinois, subventionné et moins onéreux. La décision de fonctionner sur un seul haut-fourneau n’a pas surpris les syndicats : On s’y attendait. On sait aussi qu’il y aura des suppressions d’emplois, mais la direction n’en a pas parlé. Nous voulons des précisions sur son plan d’adaptation de l’organisation. Allons-nous vers un PSE, un plan de départ volontaire ?
, réagit David Thourey, DSC FO d’ArcelorMittal Méditerranée.
Depuis l’arrêt du haut-fourneau en octobre, les salariés de Fos sur Mer sont au chômage partiel deux jours par mois. Et les clignotants rouges s’allument : Il est prévu pour l’usine un recul de la fabrication d’acier, à 2,5 millions de tonnes cette année, contre 3 millions l’an passé. Il a été demandé récemment aux chefs de département de faire 10 % de gain de productivité. Tout cela signifie réduction du personnel
redoute le militant. Face à l’inquiétude ambiante, FO, majoritaire sur le site de Fos-Sur mer (avec 35% des voix), demande un rendez-vous au plus vite avec la direction de l’usine pour évoquer la question des emplois, sans attendre le prochain CSEC prévu le 23 septembre.
L’enjeu de la reconversion des salariés vers l’acier vert
Pour FO, plutôt que de licencier, il faut trouver des solutions qui préserveront les emplois. Car si l’usine subissait des licenciements et que le marché de l’acier redémarre, nous ne pourrions pas suivre, par manque d’effectifs
explique le militant. Depuis le plan de départs volontaires mené par le sidérurgiste en 2009, à Fos-Sur-Mer, on a perdu beaucoup de compétences clés, en particulier dans la maintenance qui a été externalisée. On fonctionne en mode dégradé. Il faut réinternaliser ces métiers, et former les salariés au virage de la décarbonation
revendique David Thourey.
Cet enjeu est en effet majeur. ArcelorMittal est engagé dans un vaste projet de décarbonation visant à remplacer d’ici 2030 sur les sites de Dunkerque et de Fos-sur Mer, les hauts-fourneaux, gros émetteurs de gaz à effet de serre. Pour fabriquer de l’acier recyclé, dans le cadre du plan de décarbonation, un « four poche » est actuellement testé à Fos-sur-Mer. Par ailleurs, un four à arc électrique devrait remplacer un haut fourneau à charbon en 2030. Mais, pour ces équipements plus propres, les investissements du groupe – et les aides publiques – tardent à se concrétiser, souligne FO, qui déplore aussi le manque de vision
d’ArcelorMittal pour l’avenir des salariés.