Fin février, le groupe nucléaire public a annoncé une perte nette de 2 milliards d’euros en 2015 (après 4,8 milliards en 2014) et contracté en urgence un prêt relais de 1,1 milliard pour faire face à ses échéances en 2016. Et le 8 mars, le vice-président d’Areva Mines, Jacques Peythieu, confiait à l’agence Reuters qu’Areva envisageait 100 à 200 suppressions d’emplois supplémentaires (environ 3 000 sont déjà en cours) : « Nous sommes très concentrés sur la réduction de nos coûts et de nos investissements pour faire face à cette période de cours bas (de l’uranium, ndlr) », justifiait-il.
En juin 2015, l’État, actionnaire à 85%, a choisi de céder Areva NP (la filiale chargée de la conception et de la fabrication des réacteurs, lire ci-dessous) à EDF, dont il est également actionnaire à 85%. Après de fortes mobilisations des salariés, à l’appel de FO notamment, le président François Hollande annonçait aussi dans la foulée une contribution financière de l’État au sauvetage du groupe.
Après les élections présidentielles ?
Fin janvier 2016, après huit mois de suspens, le gouvernement a enfin indiqué le montant de cette recapitalisation : 5 milliards d’euros. « Cela va dans le bon sens mais, les dernières communications nous inquiètent fortement car elles annoncent cette recapitalisation pour fin 2017, donc après les élections présidentielles, sachant que le groupe vient encore de s’endetter. FO craint que dans tous les cas les salariés soient une nouvelle fois la variable d’ajustement, avec tous les risques que cela engendre », explique Cédric Noyer, délégué syndical central FO chez Areva NC (filiale chargée des activités liées au combustible, lire ci-dessous).
Il précise : « nos dirigeants doivent prendre conscience que les emplois supprimés aujourd’hui sont la production en qualité et en sûreté qu’on ne réussira pas à faire demain. Les compétences doivent être pérennisées, notre activité est indispensable ».
Déjà 3 000 suppressions d’emplois en cours
L’inquiétude est d’autant plus vive qu’il y a déjà environ 3 000 suppressions d’emplois en cours (6 000 dans le monde), auxquelles FO s’est fortement opposée. Elle a obtenu a obtenu un plan de départs volontaires autonome qui ne soit pas adossé à un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi, ndlr) de façon à faire barrage à une éventuelle deuxième phase avec des licenciements secs, toujours possible dans le cadre d’un PSE. Tous les salariés qui partiront en retraite à taux plein avant le 1er janvier 2020 pourront le faire dans le cadre de ce dispositif.
FO a également arraché la garantie que les mobilités au sein du groupe se fassent sans perte de rémunération et que les mobilités au sein des établissements à la suite d’une réorganisation, d’un changement d’horaires se fassent avec le maintien de la rémunération pendant trois ans au minimum.
Les média ont particulièrement évoqué ces derniers jours le site d’Areva NC du Tricastin dans la Drôme. En réalité, tous les établissements sont touchés, même si le site du Tricastin est un peu plus impacté que les autres. Sur les 3 500 suppressions d’emplois prévues au total dans le groupe en France, 1 300 environ concernent sa filiale Areva NC, dont 450 sur le Tricastin, si l’on compte celles programmées dans les filiales Eurodif Pro et SET.
FO veut « un nucléaire sûr et sécurisé »
FO, première organisation syndicale chez Areva NC (27%) et au Tricastin (36%) a réussi à obtenir un volet de mobilité interne supérieur à celui négocié pour l’ensemble du groupe, puisque la garantie de rémunération est valable quatre ans au lieu de trois ans. FO a également obtenu que la direction fasse marche arrière sur certains de ses projets de suppressions de postes (courrier, navettes, accueil).
Mais ces accords défensifs, ne suffisent pas à calmer les inquiétudes liées à la disparition des emplois en regard des besoins en matière de sûreté nucléaire.
« Areva veut sous-traiter certains métiers et diminue les effectifs dans tous les secteurs, y compris les métiers de la sûreté/sécurité », alerte Cédric Noyer. Il rappelle, qu’après les suppressions d’emplois intervenues dans le cadre du projet Tricastin 2012, on en est déjà à 25% de réduction d’effectifs sur la sécurité du travail et la radioprotection.
FO, souligne le délégué, « a toujours soutenu la filière nucléaire sans ambiguïté, mais un nucléaire sûr et sécurisé qui ne lésine pas sur les moyens pour la sécurité des salariés et des populations environnantes. Il conclut : « FO continue à revendiquer à tous les niveaux (Entreprise et gouvernement) les moyens suffisants en effectifs et en moyens pour pouvoir produire en toute sécurité et condamne la politique antisociale et financière menée pars nos dirigeants qui ne font que donner du grain à moudre aux lobbies antinucléaire ».
Areva : quelques clés
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