ArjoWiggins : le sort mitigé des sites de la Sarthe

Emploi et Salaires par Michel Pourcelot

© Gilles ROLLE/REA

Une demande de nationalisation temporaire et une pétition rassemblant des milliers de signatures à Bessé-sur-Braye, où l’activité a cessé, et du côté du site du Bourray, près du Mans, ce sont près de 160 postes qui ont été supprimés.

Triste situation dans la commune sarthoise de Bessé-sur-Braye où la fermeture du site du papetier ArjoWiggins a laissé sur le carreau près de six cents salariés. Les sous-traitants touchés sont estimés à un millier au moins, voire 1 200. Pour tenter de sauver ce qui peut l’être, une nationalisation temporaire, notamment pour garder les outils de production sur place, a été demandée mais les élus locaux n’ont guère d’espoir au vu de la philosophie gouvernementale.

Le papier s’envole, la ouate reste

Sur le site du Bourray, à Saint-Mars-la-Brière, une demi-solution a été trouvée. Malheureusement, quelque 158 emplois ont été perdus. Neuf élus du personnel, dont une majorité de FO, ont refusé leurs licenciements et sont en attente de l’autorisation ou non de l’inspection du travail. Si le travail du papier est fini sur ce site, celui de la ouate va rester, l’activité étant maintenue par un ancien client de longue date et de surcroit une entreprise devenue sarthoise, la CGMP. D’autre part, le bassin d’emploi de Saint-Mars, à peu de distance du Mans, est plus susceptible de permettre aux licenciés de retrouver un emploi que celui de Bessé, très rural, à l’écart des grands axes, et déjà sinistré par une demi-douzaine de fermetures en une dizaine d’années, représentant déjà une perte de près de cinq cents emplois. Le seul arrêt d’ArjoWiggins fait plus que doubler ce nombre.

L’industrie à la campagne

Et tout cela alors que le plan « Territoire d’industrie » vient d’être présenté dans la Sarthe même, à La Ferté-Bernard, le 27 mai et au pas de charge. C’est la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, qui était venue en personne… « soutenir l’industrie à la campagne ». Le 30 avril dernier, les élus lui avaient pourtant écrit un courrier, resté depuis lettre morte. Pourtant nombre d’interrogations subsistent autour du rôle de l’État, via la BPI (Banque publique d’investissement), détenteur de quelque 15% dans le groupe papetier Sequana, dont ArjoWiggins est une filiale. Ce qui a valu, le 9 mai dernier, le déplacement dans la Sarthe d’un célèbre avocat envisageant des poursuites contre Sequana et la BPI, soit l’État actionnaire.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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