Propreté : les agents d’entretien du prestataire PEI sur le Technocentre Renault des Yvelines en grève illimitée

Les articles de L’InFO militante par Maud Carlus

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Une soixantaine de salariés de la société PEI (Propreté Environnement Industriel) assurant le nettoyage du Technocentre Renault situé à Guyancourt (Yvelines) ont cessé le travail depuis le 3 mai. Après la décision du constructeur automobile de réduire le contrat de son prestataire, les salariés risquent de voir leur activité diminuer avec menaces sur les emplois et salaires amputés.

A ce jour, nous nous trouvons dans l’impasse, mais nous ne lâchons pas, résume Najib Mouchtahi, DSC FO chez PEI, prestataire spécialisé dans la propreté. Entre 60 et 80 salariés de la société PEI en charge du nettoyage du célèbre centre de Recherche et Développement de Renault à Guyancourt (78) sont en grève illimitée depuis le 3 mai. Coincés entre un donneur d’ordre (Renault) qui a diminué leur activité et un employeur (PEI) qui dit ne pas pouvoir compenser cette baisse, la grève est la seule façon de se faire entendre.

C’est le jeudi 21 avril que les représentants syndicaux ont reçu la nouvelle : les agents de nettoyage de PEI ne devront plus se présenter le vendredi dans les locaux de Renault pour travailler, à compter du 20 mai. Une nouvelle qui faisait suite à la décision du constructeur de réduire l’activité de ses propres salariés après la crise sanitaire. Depuis septembre 2021, une partie des salariés de ce centre Recherche et développement de Renault sont en télétravail, d’autres sont en chômage partiel longue durée (3 ans), poursuit le délégué. Ils ont La direction a mis en place un palier de présence de 75%. Ceci a un impact direct sur les agents de PEI, qui assurent le nettoyage du site. Notre activité a déjà diminué pendant la pandémie, mais là avec un jour en moins, c’est le couperet final. Durant la crise sanitaire, PEI, société prestataire qui emploie quelque 1800 personnes partout en France (la société compte parmi ses clients des hôpitaux, hôtels, le magasin Printemps à Paris ou encore la société RTE/Réseau de transport d’électricité) avait placé une partie de ses salariés en chômage partiel.

Remise en cause des emplois

Pour couronner le tout, le constructeur automobile serait en passe de céder ses locaux du Technocentre à Guyancourt à hauteur de 75%. D’après nos informations, Renault resterait propriétaire de 25% du bien, et deviendrait donc locataire du reste du site. Or, nous n’avons aucune assurance de la continuité des contrats avec notre société, s’inquiète le militant. C’est le futur bailleur qui déciderait avec qui il sous-traite. Plus de 100 emplois risquent d’être remis en cause. Par la perte d’heures de travail, cela signifierait en outre des pertes de salaire de 200 à 300 euros nets par mois.

Après la décision de Renault de réduire ses heures avec PEI, cette dernière a annoncé devoir reclasser une trentaine de personnes, sous forme de mutations, une aberration selon le représentant de FO. Dans ces trente salariés, il y a des travailleurs qui ont 10, 15 voire 20 ans d’ancienneté, certains sont âgés. Si PEI leur propose une mutation, ce sera dans un autre département, à une heure ou plus de chez eux, avec des horaires décalés. S’ils refusent, ils seront licenciés. C’est un non-choix.

Délit d’entrave

Les grévistes demandent donc que les trente postes soient tous maintenus, et qu’aucune mutation ne soit imposée, qu’il y ait aussi avec la mise en place d’un APLD (mesure d’activité partielle longue durée) sans perte de salaire. Ils demandent aussi des mesures de départs volontaires avec indemnisation à la hauteur.

Mais pour l’instant ces revendications sont restées lettre morte. PEI et Renault se renvoient la balle, regrette Najib Mouchtahi. Le premier dit qu’il n’a pas les fonds pour garder ces emplois et craint pour ses finances et le second est dans une logique d’économie de coûts sans se soucier des conséquences sociales. Et ce sont les salariés qui trinquent.

Le comité de grève, qui a fait appel à un médiateur auprès de l’inspection du travail, évoque aussi la constatation d’un délit d’entrave, indique le DSC. Nous avons tenté à plusieurs reprises d’entrer sur le site de Guyancourt pour voir les salariés qui continuent le travail afin de s’assurer de leurs conditions de travail, or nos badges ont été désactivés.

Des maîtres-chiens face aux grévistes

A presque quatre semaines de conflit, la tension est montée plusieurs fois avec Renault, qui a refusé de recevoir une délégation syndicale venue pour entamer des négociations. Nous avons même proposé un service minimum de nettoyage pour montrer notre bonne foi et pour que la direction n’utilise pas le prétexte d’un nettoyage non fait pour embaucher une autre société de propreté. Mais elle ne nous a pas non plus laissés entrer sur les lieux, ajoute le militant.

Le constructeur a également renforcé la sécurité de son site pour bloquer les entrées sur le Technocentre. La direction a appelé la police qui est venue et a constaté que nous faisions grève sans violence et sans casse, donc elle est repartie. Ensuite, ils nous ont envoyé des maîtres-chiens… En 15 ans chez PEI, je n’avais jamais vu ça. Sur le site de Renault-Cléon ou PEI intervient aussi, des tensions sont apparus là encore. La Direction n’a pas hésité à recourir aux forces de l’ordre alors que les grévistes de Guyancourt étaient venus à la rencontre les salariés PEI du site de Seine-Maritime.

Plus largement s’insurge le DSC-FO, l’argument de la direction du technocentre expliquant la réduction de voilure des interventions de PEI par une prochaine moindre présence de salariés sur le site ne tient pas. La surface à nettoyer elle, ne change pas. Nous agents d’entretien ne sommes pas responsables du contrat passé avec le donneur d’ordre. La clé est entre les mains de Renault.

Le refus que les plus faibles payent les conséquences

La pilule est d’autant plus difficile à avaler pour les grévistes qu’ils ont déjà fait des sacrifices durant la crise sanitaire. Najib Mouchtahi ne décolère pas : Nous avons subi des pertes de salaire pendant 2 ans et aujourd’hui on nous dit que c’est la crise économique. Ce sont les plus faibles qui vont encore payer les conséquences. Sans compter l’argent qui est dépensé pour la sécurité, qui pourrait servir à financer nos départs.

Déterminés, les grévistes attendent à présent l’aboutissement des discussions entre Renault et PEI et peuvent compter sur le soutien de la fédération FEETS-FO, via son secteur Propreté.

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