Le Tribunal de grande instance de Strasbourg a placé Ascometal en redressement judiciaire le 22 novembre et fixé la période d’observation à six mois. L’État s’est engagé le 28 novembre à trouver un repreneur crédible
, par la voix du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le TGI doit faire un premier point d’étape le 20 janvier 2018 avec les deux administrateurs nommés.
L’avenir de 1 500 salariés, répartis sur cinq sites, dont les aciéries de Dunkerque (Nord), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), et Hagondange (Moselle), est en jeu.
De mains en mains pendant quinze ans…
Depuis plus de quinze ans, Ascometal, survit tant bien que mal à la grande crise de la sidérurgie française. Ce spécialiste des aciers spéciaux est une ancienne filiale du fleuron industriel français, Usinor, fusionné en 2001 avec ses homologues espagnol et luxembourgeois pour donner naissance à un groupe sidérurgique européen, Arcelor… lui-même fusionné en 2006 avec l’indien Mitall.
Avant même ce grand chambardement, Ascometal avait été repris dès 1999 par le sidérurgiste Lucchini (italien, mais en réalité majoritairement détenu par l’oligarchie russe).
En 2011, le fonds américain Apollo le récupère à son tour pour l’abandonner trois ans plus tard, non sans l’avoir endetté d’abord de quelque 500 millions d’euros.
C’est ainsi qu’en 2014, Ascometal est cette fois repris par un consortium composé à 60,98% d’investisseurs français, avec toutefois un fonds d’investissement américain ( 21%) , un autre fonds britannique (21%) et le sidérurgiste suédois Ovako (6,78%). Ce consortium est mené par Franck Supplisson, alors directeur de cabinet du ministre de l’Industrie de l’époque Eric Besson, et soutenu par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg.
Sous-investissement : l’État doit agir
Mais trois ans plus tard, résultat d’un sous-investissement chronique et jamais traité, le groupe se retrouve encore une fois en faillite.
Cela a été de mal en pis. Nous voulons cette fois un projet industriel, un plan stratégique adapté et réaliste, pour que l’industrie des aciers spéciaux reste en France, avec les emplois et les compétences
, souligne Lionel Belloti, de la fédération FO de la Métallurgie.
Le responsable FO n’hésite pas à appuyer là où ça fait mal : Les aciéries d’Ascometal ont des fours électriques. Leur modernisation et leur remise en état exigent des investissements lourds. Le groupe a un carnet de commandes mais pas assez de cash pour financer cela. Alors oui, l’État a un rôle à jouer. Les repreneurs doivent s’engager à moderniser les installations, et un contrôle de l’État via la BPI (Banque publique d’investissement, NDLR) serait une bonne chose
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