Asile et folie médiatique

Revue de presse par Michel Pourcelot

La « crise migratoire » à laquelle est confrontée actuellement l’Europe a provoqué un déluge médiatique. Si l’émotionnel face au drame a été largement privilégié, le manque d’accord entre les membres au sein de l’Union européenne pour y faire face a été largement souligné.

Le Point
« Les ministres de l’Intérieur des 28 États membres de l’Union européenne vont une nouvelle fois tenter de se mettre d’accord sur une répartition des réfugiés ». Une clé de répartition à trouver. Car, ce 14 septembre, il n’y a pas eu d’entente à Bruxelles : « une majorité d’États membres se sont bien engagés sur le principe d’une relocalisation des 120 000 réfugiés, mais il n’y a pas eu d’accord unanime sur ce mécanisme d’urgence proposé la semaine dernière par la Commission européenne. La Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ne veulent pas y adhérer ». Visiblement moins motivées que l’Allemagne.

Le Dauphiné
Réaction de Berlin : « En réintroduisant provisoirement ses contrôles à sa frontière avec l’Autriche, l’Allemagne suspend de facto les accords de Schengen sur la libre circulation. L’Europe fait face à un immense défi. La crise des migrants – la plus grave crise à laquelle est confrontée l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale– va-t-elle signer l’arrêt de mort des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes ? ». Tandis que la Méditerranée rejette des corps...

Le Républicain Lorrain
« En 2014, 620 000 demandes d’asile ont été déposées dans l’Union européenne – loin des années "normales" à 200 ou 300 000 ». Mai si « par pays, c’est l’Allemagne qui a accueilli le plus de migrants en 2014, avec 202815 personnes (0,25% de sa population) », il apparait que "en proportion, la Suède est loin devant : 81325 demandes, soit 0,84% de sa population, devant la Hongrie et l’Autriche. La France a enregistré 64 310 demandes, soit 0,1% de sa population. Combien obtiennent-ils l’asile ? Tout dépend du pays : au niveau européen, un peu moins de la moitié obtiennent le statut de réfugié ou un autre statut protecteur. Mais en 2014, la Hongrie n’a accordé l’asile qu’à 9% des demandeurs, la France à 30,1%, l’Allemagne à 48,9%, l’Italie 58,6%, et la Suède 82,7% ». Va-t-on parler du modèle suédois ?

Le Monde
Et du modèle français ? « Aujourd’hui, les pouvoirs publics vont devoir redoubler d’efforts. Ils tablent en amont sur les effets d’une politique d’accueil sélective. Les 24 000 demandeurs d’asile seront en effet triés sur le volet. Lundi 7 septembre, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en a donné un aperçu, en expliquant que la France allait dès cette semaine soulager l’Allemagne d’un millier de réfugiés, "uniquement des Syriens, Irakiens et Erythréens". Pour les 24 000 à venir, la même logique devrait opérer ». La logique d’une opération à vif. Autre logique selon Pierre Micheletti, ancien président de Médecins du Monde : « la logique compassionnelle ». Elle « ne doit pas occulter le droit et l’application des textes, en particulier ceux du 28 juillet 1951, qui protègent les personnes qui fuient leurs pays parce qu’elles craignent pour leurs vies. N’est-ce pas le cas d’une large majorité de celles qui arrivent massivement aux portes de l’Europe depuis quelques mois ? Elle déplace sur le registre émotionnel le champ de la décision politique, lui conférant un caractère optionnel, volontariste, à géométrie variable, laissé à la libre volonté des gouvernements qui, cette fois encore, montrent -dans la cacophonie- leur incapacité à penser de concert une politique internationale de l’UE ». En fait, peut-être n’ont-ils pas tous la même logique ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante