Assurance chômage : ce qui pourrait changer pour les travailleurs

Événement par Clarisse Josselin

Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Les salariés qui démissionnent pourraient être indemnisés une fois tous les cinq ans. L’ouverture de droits est déjà possible dans les cas jugés légitimes par Pôle emploi, par exemple pour suivre son conjoint. Une allocation peut aussi être accordée au bout de quatre mois de chômage si le bénéficiaire prouve ses efforts de reclassement. Sur un million de démissions enregistrées en 2016, seulement 200 000 personnes se sont inscrites à Pôle emploi et 70 000 ont été indemnisées. Dans des documents de travail consultés par l’AFP, l’Unédic s’inquiète de possibles effets pervers de cette réforme, avec une hausse du nombre de démissions, notamment des seniors à l’approche de la retraite, ou un retour plus tardif à l’emploi, faisant courir un risque financier à l’Assurance chômage. L’Institut Montaigne , proche du Medef, évalue le coût de cette intégration à 1 milliard d’euros pour l’Unédic, voire 2,7 milliards avec les éventuels effets d’aubaine et de comportement.

Les indépendants bientôt intégrés ?

Les 3,3 millions de travailleurs indépendants pourraient intégrer l’Assurance chômage. Actuellement, ils peuvent contracter une assurance privée facultative. Dans ses documents, l’Unédic s’interroge sur la faisabilité de cette ouverture, en raison de la grande diversité des statuts et activités (profession libérale, micro-entrepreneur, agriculteur, artisan, commerçant, etc.) et des revenus, que certains cumulent avec un salaire. Elle pointe notamment les indépendants économiquement dépendants des plates-formes collaboratives ou les micro-entrepreneurs déclarant un chiffre d’affaires nul. Autres difficultés, déterminer quels revenus et quels motifs ouvriront droit à indemnisation. Le gouvernement a confié une mission à l’Igas pour dresser les contours de cette intégration. Selon l’Institut Montaigne, cette entrée coûterait de 0,9 à 3,3 milliards par an. FO est prête à voir comment intégrer de nouveaux bénéficiaires à l’Assurance chômage, mais il faut voir qui financera. Elle estime notamment que les plates-formes doivent cotiser pour les gens qu’elles font travailler.

Des contrôles renforcés

Les contrôles sur la recherche d’emploi seraient renforcés. Emmanuel Macron souhaite qu’un bilan de compétences soit réalisé dans le mois suivant l’inscription à Pôle emploi. Si besoin, le chômeur sera formé. Sinon, des emplois lui seront proposés en lien avec ses compétences. Au deuxième refus, les droits seront perdus, a-t-il prévenu dans Le Point du 31 août. FO est ouverte au renforcement de l’accompagnement des chômeurs, mais dans le but d’un retour rapide sur le marché de l’emploi et non vers une suppression des allocations. 

 

Zoom : Une nouvelle convention Unédic en novembre
La convention d’assurance chômage conclue en avril par les interlocuteurs sociaux et signée par FO entrera en vigueur au 1er novembre, pour une durée de trois ans. L’un des enjeux de l’accord était de préserver le paritarisme. Il permet aussi au régime d’économiser près de 1 milliard d’euros par an, sur des pertes annuelles de 4 milliards d’euros, tout en améliorant certaines conditions d’indemnisation. Ainsi, des salariés à temps partiel pourront entrer plus vite dans l’affiliation. La durée du différé d’indemnisation est également réduite.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante