Dès leur arrivée au siège du Medef, les délégations syndicales et patronales se sont fait happer par une nuée de micros et de caméras. Puis la séance de négociation interprofessionnelle a démarré de manière un peu chaotique.
Première surprise, une banderole de soutien aux syndicalistes de Goodyear condamnés à des peines de prison ferme, accueillait les négociateurs.
Clash dans le camp patronal
Deuxième surprise, la réunion n’avait pas démarré depuis dix minutes que Patrick Liébus, vice-président de l’UPA, organisation patronale des artisans, a pointé son nez dans la salle réservée à la presse. Dénonçant « les petites affaires » entre le Medef, la CGPME et le gouvernement sur la réforme de la représentativité patronale et estimant son organisation « déconsidérée », il a claqué la porte des négociations.
« En matière de lutte contre le chômage, ce sont pourtant les petites entreprises qui vont créer de l’emploi et prendre des apprentis dans les années à venir, pas les grandes », a-t-il ajouté avant de s’éclipser.
Le calendrier fixé jusqu’à mi-mai
Au cours de la séance qui aura duré deux heures, les organisations ont fixé le calendrier des réunions à venir pour la renégociation du régime général. Les séances auront lieu les 8 et 24 mars, les 7 et 28 avril et le 12 mai toute la journée. L’actuelle convention expire au 1er juillet 2016.
Encadrer le régime des intermittents du spectacle
L’essentiel de la réunion a porté sur le régime spécifique des intermittents du spectacle. La loi Rebsamen adoptée l’été dernier prévoit que les professionnels du secteur fixent leurs propres règles d’indemnisation. Mais ils devront respecter le document de cadrage - notamment financier - fixé par le patronat et les syndicats interprofessionnels.
Les débats ont longuement tourné autour de l’aspect juridique de ce document. La loi parle de lettre de cadrage, mais certaines organisations souhaitent un accord du type ANI. « C’est un non-sujet, a estimé Stéphane Lardy, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de la délégation FO, lors du débriefing face à la presse. Quel que soit son statut juridique, le document sera respecté par ses signataires ».
Son contenu sera abordé lors de la prochaine réunion le 8 mars. Sans attendre, la première séance de la négociation dédiée au régime des intermittents du spectacle se tiendra le 25 février au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
"A ce stade, chacun ne dit pas toute la vérité mais ne ment pas non plus"
Chaque organisation a aussi exposé ses orientations générales. « A ce stade, chacun est prudent, il ne dit pas toute la vérité mais ne ment pas non plus », s’est amusé Stéphane Lardy.
La délégation FO a tenu à rappeler le contexte de la négociation : un taux de chômage historique qui touche 10,6 % des actifs et près de six millions de personnes inscrites à Pôle emploi. S’y ajoute le projet de loi porté par la ministre du Travail qui « ne facilite pas la négociation, en accentuant la flexibilité et la précarité pour les travailleurs ».
"L’Assurance chômage n’est pas en faillite"
L’endettement cumulé de 29,4 milliards d’euros de l’Unedic sera au cœur des discussions. Les syndicats s’opposent à toute baisse des droits des demandeurs d’emploi. « Que je sache, l’assurance chômage n’est pas en faillite, ni même en pré-faillite », a lancé Stéphane Lardy.
Plaidant pour une augmentation des recettes, ils s’accordent autour d’une hausse des cotisations pour les employeurs qui abusent des contrats courts, « un sujet qu’on ne peut plus laisser de côté » selon FO.
De son côté, le Medef veut « réformer les règles en profondeur ». Sans entrer dans le détail, son négociateur Jean Cerutti veut améliorer « la motivation et l’accompagnement des chômeurs pour leur permettre de retrouver au plus vite un emploi » et réduire ainsi la dette du régime. En oubliant que l’accompagnement est du ressort de Pôle emploi...
« Le Medef peut jouer les fiers à bras en début de négociation, mais nous sommes partis pour au moins quatre mois de discussions », a prévenu Stéphane Lardy.