Comme un cadeau de Noël empoisonné, le projet de décret mettant en œuvre la nouvelle réforme de l’Assurance chômage a été transmis aux interlocuteurs sociaux le 23 décembre. Nous avons découvert avec stupéfaction une disposition nouvelle, prise sans concertation et qui prévoyait de baisser de 40 % la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi si le taux de chômage passait sous les 6 %
, s’insurge Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi. Les discussions préalables avaient porté en effet sur une baisse de durée de 25 % si le taux de chômage restait inférieur à 9 %.
Seulement 36 % des chômeurs sont indemnisés
La Première ministre a finalement annoncé le 3 janvier le retrait de cette disposition. C’est grâce à l’action des organisations syndicales et notamment de FO qui a fait connaître sa désapprobation sur la méthode
, souligne Michel Beaugas. Mais Élisabeth Borne a prévenu que le sujet serait au menu des concertations sur les futures règles d’Assurance chômage.
Les demandeurs d’emploi ont déjà été lourdement impactés par les effets de la précédente réforme mise en place fin 2021. Selon une première évaluation de l’Unédic présentée mi-décembre aux interlocuteurs sociaux, les ouvertures ou rechargements de droits ont baissé de 20 % entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2022. Les jeunes et les précaires (fin de CDD ou intérim) sont les plus fortement touchés. La moitié des nouveaux inscrits a subi un recul du montant de l’allocation versée, de 16 % en moyenne. Et 40 % des allocataires ont ouvert des droits avec une allocation journalière initiale inférieure au montant de l’allocation dite minimale (29,6 euros par jour). Ils n’étaient que 27 % en 2019. Seuls 36,6 % des demandeurs d’emploi étaient indemnisés en juin 2022, contre 40,4 % en décembre 2021. Et un allocataire sur deux travaille, une proportion en augmentation.