Assurance chômage : le patronat fait échouer les négociations, l’Etat reprend la main

UNEDIC par Clarisse Josselin, Michel Beaugas

Les employeurs refusant toute hausse des cotisations, les interlocuteurs sociaux, réunis le 16 juin au Medef, n’ont pas trouvé d’accord sur la renégociation de la convention Unédic. Les règles actuelles seront prorogées pour assurer l’indemnisation des demandeurs d’emploi après le 30 juin.

Sans réelle surprise, la renégociation de l’Assurance chômage a échoué lors de la huitième et ultime séance de discussion le 16 juin. Ce n’était pas arrivé depuis 1982. À l’issue de la rencontre, la délégation FO a pointé l’entière responsabilité du patronat dans cet échec qui met aussi en danger le paritarisme tel que le conçoit la confédération.

Dès l’ouverture, le négociateur du Medef a annoncé qu’il n’avait pas de mandat pour accepter une surtaxation des contrats courts, pourtant unanimement réclamée par les organisations syndicales. Il a aussitôt proposé à la signature un PV de désaccord.

Divisions internes au Medef

Le gouvernement reprend la main, comme le prévoit la loi dans ce cas. Avant même la fin de la réunion, la ministre du Travail avait envoyé un communiqué de presse dans lequel elle actait l’absence d’accord, constatant que « l’attitude du patronat a conduit au blocage ». Le procédé a été jugé « assez désagréable » par Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de la délégation FO.

Le gouvernement s’est engagé à éditer dès le 17 juin un décret pour proroger l’actuelle convention, qui expire le 30 juin, afin que les demandeurs d’emploi puissent continuer à être indemnisés. « Dans l’attente d’un prochain accord », la ministre invite les interlocuteurs sociaux à reprendre les négociations à la rentrée.

« La loi Travail est un prétexte, ce sont les divisions internes au Medef qui ont fait qu’aujourd’hui il n’y a pas d’accord, a expliqué Michel Beaugas. Et ce frein-là, il ne sera pas levé à l’automne. »


L’accord intermittents appliqué mi-juillet
La ministre du Travail s’est engagée, dans un communiqué daté du 16 juin, à transposer « sans attendre » l’accord de branche fixant les règles d’indemnisation des intermittents du spectacle, conclu à l’unanimité de la profession fin avril. Le décret devrait être publié au Journal officiel d’ici à la mi-juillet. Les interlocuteurs sociaux interprofessionnels signataires de la lettre de cadrage (hors FO et CGT) avaient estimé que cet accord ne respectait pas l’enveloppe fixée. Le 15 juin, le gouvernement avait promis de compenser le manque à gagner pour l’Unédic.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

Michel Beaugas Secrétaire confédéral au Secteur de l’Emploi et des retraites