A l’issue de l’ultime séance de diagnostic sur l’assurance chômage au siège du Medef, les chefs de file des organisations syndicales et patronales ont décidé de rouvrir les négociations le 15 février, après huit mois de blocage. Affichant la volonté de conclure avant l’élection présidentielle, ils sont convenus de quatre séances de discussion, les 7, 14, 23 et 28 mars. Ils repartiront du relevé de discussions tel qu’il était en juin dernier. Le Medef devrait l’enrichir d’une nouvelle partie sur la question centrale des contrats courts, avant de le transmettre en fin de semaine prochaine ou au début de la semaine suivante aux autres négociateurs.
Reste à voir jusqu’à quel point le Medef est prêt à négocier. Par son refus de taxer les contrats courts, une revendication unanime des organisations syndicales, il avait fait échouer les négociations en juin dernier. Le représentant patronal Alexandre Saubot s’est dit autorisé à aborder la question, tout en la qualifiant de symbolique
. Il a affirmé avoir mandat du conseil exécutif du Medef pour négocier sur tous les thèmes sans tabou
, mais avec des lignes rouges
. Il s’opposera ainsi à toute hausse du coût du travail
et hausse des cotisations
. S’il rejette le terme de taxation
, celui de dispositif incitatif
pour rallonger la durée des contrats pourrait être acceptable.
Pour FO, pas de recul de l’âge d’entrée dans la filière seniors
Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de file de la délégation FO, a proposé d’aborder la question des contrats courts dès le début de la négociation, ce qui n’a pas rencontré un franc enthousiasme
, a-t-il reconnu à l’issue de la rencontre. Nous allons travailler plus globalement, ce qui me va bien car si accord il y a, il sera global
, a-t-il ajouté.
Il a rappelé que la proposition portée par FO, un système de bonus-malus selon la durée des contrats, correspondait à la demande du Medef, et permettait même de baisser les cotisations des entreprises vertueuses.
D’autres thèmes seront au menu des négociations. La délégation FO plaidera ainsi pour le déplafonnement des cotisations sur les salaires supérieurs à 12 000 euros, afin d’augmenter les recettes du régime. Elle s’opposera également au recul au-delà de 50 ans de l’entrée dans la filière seniors, alors que le Medef avait évoqué un report à 57 ans.
Préserver le paritarisme
En cas d’accord sur une nouvelle convention, les organisations syndicales et patronales comptent envoyer un courrier à l’État pour le mettre face à ses responsabilités sur la dette de l’Unédic. Selon Michel Beaugas, l’indemnisation des frontaliers et le financement de Pôle emploi coûtent au régime près d’un milliard d’euros par an, soit un quart de son déficit annuel.
Les interlocuteurs sociaux semblent au moins d’accord sur leur volonté d’aboutir avant la présidentielle, pour préserver le paritarisme, remis en cause par certains candidats. On va faire la démonstration que l’assurance chômage est notre sujet, on marque notre territoire
, a réagi Michel Beaugas. En revanche, le patronat n’ayant pas donné suite à la volonté de FO de changer les méthodes de négociation, les discussions se poursuivront au siège du Medef.