Après avoir sollicité, plusieurs fois, la direction dès le 10 mars, puis, face à son silence, décidé de débrayages de deux heures pendant trois journées les 23, 28 et 30 juin, suivies d’une journée entière de grève le 6 juillet, les salariés d’Atlantique Automatisme Incendie n’ont toujours pas reçu de réponse déplore Vincent Andries, secrétaire du syndicat FO, créé en juillet 2017, seule organisation présente dans l’entreprise et ultra majoritaire avec 96,2% aux dernières élections.
La direction joue la montre, elle ne veut rien entendre et dit attendre les mesures gouvernementales sur le pouvoir d’achat
, actuellement en débat au Parlement, résume-t-il. Ses objectifs risquent fort d’être contrariés car dans cette société rattachée au groupe Save (à l’origine une holding financière), les salariés -quelque 550 personnes réparties sur quinze établissements en France (Lille, Lyon, Aix-en-Provence,...)- n’entendent pas se contenter de ce qui a été obtenu auparavant. Et pour cause, l’inflation, de plus en plus forte et attendue autour de 7% en fin d’année, a tout remis en cause.
Les primes ne remplacent en rien une hausse des salaires
De fait, si les NAO 2021 avaient abouti à une hausse des salaires de 2,2% avec un seuil plancher de 35 euros, cela ne suffit pas et il faut rouvrir des négociations souligne le délégué FO précisant que le salaire de base dans l’entreprise se situe au-dessus des minima de la convention collective. Ce qui n’est pas étranger à l’action du syndicat FO ces dernières années... Il a ainsi bataillé pour obtenir des revalorisations pour les bas salaires et s’est attaqué aussi à la différence de traitement salarial entre hommes et femmes. En 2020, l’écart était de 17%
et bien sûr pas en faveur des femmes. Depuis, cet écart a été globalement comblé
se félicite Vincent Andries.
Aujourd’hui, FO entend faire valoir la revendication : une augmentation générale des salaires de 5% avec un seuil-plancher de 100 euros. Ce qui signifie donc rouvrir des négociations salariales. Autant dire que pour les salariés d’AAI, l’argument de la direction consistant à mettre en avant le bon
niveau la prime d’intéressement/participation, ne tient pas, appuie le syndicat qui a reçu le soutien de la fédération FO Métaux, laquelle pointe une direction qui ne jure que par les primes à l’emporte-pièce
.
Or, rappelle Vincent Andries la dernière prime intéressement/participation versée équivaut à moins d’un mois et demi de salaire. Il y a deux ans, elle n’atteignait pas un demi mois
. Ces variations, logiques dans le cadre de l’intéressement/participation, montrent s’il le fallait qu’une prime n’a rien à voir avec une hausse de salaire, par définition pérenne, ainsi que le souligne la Confédération.
La demande d’un accord Télétravail
Le syndicat FO-AAI a bien l’intention aussi de mettre sur la table lors des négociations de septembre la question des frais de déplacements, très importante chez AAI, société qui réalise notamment des installations sur sites des systèmes de sécurité-incendie. Pour beaucoup de salariés, cela signifie un travail fait de déplacements réguliers. Ainsi, certains sont loin de chez eux toute la semaine explique Vincent Andries. Or, détaille-t-il, pour les déplacements, selon la modalité de calcul (en jours travaillés ou sur la semaine), l’indemnité est de 62 euros ou 77 euros. Des montants en deçà de ceux de la concurrence
indique le militant.
Contraints par ces faibles indemnités, les salariés doivent par exemple se loger à plusieurs dans la même chambre d’hôte
». Cette situation n’est pas étrangère à la fuite de personnel
que connaît AAI analyse le délégué FO. On compte un départ par mois
indique-t-il. Pour remplacer
ces salariés, l’entreprise se tourne vers la sous-traitance ou recrute de nouveaux personnels. Contre toute attente, relève d’ailleurs Vincent Andries, souvent
, les conditions salariales faites à ces nouveaux embauchés
sont supérieurs à celles des salariés avec davantage d’ancienneté.
Le syndicat compte bien faire aboutir aussi d’autres revendications et parmi celles-ci, la demande sur le télétravail... Il n’y a toujours aucun accord
, s’indigne le délégué. La direction ne veut pas entendre parler du télétravail alors que pendant les périodes de confinements, ce mode a été largement utilisé
par l’entreprise et lui a été bien utile.
En septembre, cela fera sept mois que le syndicat FO a transmis les revendications des salariés à la direction. Elle devra les entendre et y répondre. Car ainsi que le rappelle FO Métaux, ce n’est pas de gaieté de cœur que les métallos sont partis à l’épreuve de force, mais bien avec l’énergie de la colère et d’un certain désespoir
.