Au Louvre, Hubert Robert vous mène à la ruine et au-delà

Peinture par Michel Pourcelot

Une exposition du 10 mars au 30 mai qui rend hommage à ce peintre, imprégné des Lumières, qui, à travers ces tableaux peuplés de ruines, alerta sur la mortalité des cultures et des empires. Ce qui ne l’empêcha pas de contribuer à la réappropriation du Louvre, et ainsi à la sauvegarde d’une partie du patrimoine artistique français.

Hubert Robert (1733-1808) fut loin de n’être qu’un simple paysagiste du XVIIIe et beaucoup plus qu’un antiquisant de plus. Son obsession pour les ruines, et pour les civilisations qui sont mortelles, prédit certes un bouleversement à venir, en l’occurrence la Révolution française, la fin d’un monde, mais pas la fin du monde.

Dans nombre de ses tableaux, sous les voutes crevées et entre les murs à demi écroulés, tout un petit peuple n’a jamais cessé de continue à vivre, à s’adapter. Les empires passent, il s’adapte. Les symboles de puissance tombent, il y travaille. Notamment au chantier de démolition de la Bastille. L’ombre des jardins abandonnés est propice, on s’y délasse et s’enlace.

Peintre du réalisme social ? Pas seulement : Hubert Robert réalise aussi des paysages imaginaires, à la Piranèse, son voisin lors de son séjour de dix ans à Rome, mais en moins oppressant.

Sur ces pierres...

Pour cette exposition, la première que lui consacre le Louvre depuis 1933, quelque 140 œuvres ont été rassemblées, dont nombre venues de l’extérieur. Elles vont du dessin à l’esquisse peinte en passant par la gravure et les peintures de tous formats y compris, bien sûr, monumentales.

Côtoyant certains des intellectuels prérévolutionnaires, Robert à coup de ruines et de vieilles pierres fut de ceux qui construisirent les fondations de l’avenir. Et c’est dans le Louvre abandonné par la royauté au profit de Versailles qu’Hubert Robert, qui y avait un atelier, peignit, vers 1789, sa vision d’avenir d’un Louvre musée pédagogique ouvert au peuple. Un projet qui commencera à devenir réalité en 1793.


Exposition Hubert Robert (1733-1808)
du 10 mars au 30 mai 2016 (sauf le mardi et le 1er Mai)
au Hall Napoléon, Musée du Louvre, place du Carrousel 75001 Paris
Horaires : De 9h à 18h et de 9h à 21h45 mercredi et vendredi. Tél : 01 40 20 53 17
Tarifs : environ 15 euros. Entrée libre sans billet, pour les moins de 18 ans, les 18-25 ans résidents de l’EEE, les personnes handicapées et leur accompagnateur et les bénéficiaires des minimas sociaux, sur présentation d’un justificatif.
Plus d’infos sur le Net : www.louvre.fr

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante