Au Royaume-Uni, une fin d’année sous le signe de la contestation sociale

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

Les salariés de la Royal Mail déjà en grève à Londres le 26 août 2022. © Paul MATTSSON/REPO T DIGITAL-REA

Les grèves continuent outre-Manche, où cheminots, infirmiers, fonctionnaires et enseignants se battent pour des hausses de salaire, d’autant plus indispensables face à une inflation galopante qui détériore douloureusement le niveau de vie.

Les cartes de vœux des Britanniques arriveront-elles à destination ? Après avoir entrepris – avec succès – de perturber le déroulement de la grand’messe commerciale du Black Friday, le syndicat des postiers du Royaume-Uni a annoncé dix jours de grève supplémentaires entre fin novembre et Noël. Dans un contexte de plan social visant la suppression de 10 000 emplois à la Royal Mail, les facteurs luttent, comme de très nombreux Britanniques, pour une hausse de salaire à même de compenser l’inflation, qui actuellement culmine à son plus haut niveau depuis quarante ans : plus de 11 %.

Le mouvement, d’ampleur, n’a pourtant plus rien d’exceptionnel dans le pays, où le quotidien est rythmé depuis des mois par les luttes sociales. Car loin de s’essouffler, la colère enfle et s’étend, au point que le quotidien conservateur The Daily Telegraph a récemment évoqué dans ses pages un calendrier de l’Avent des grèves pour décrire le mois de décembre. Rares seront en effet les jours où ne se concrétise pas la colère des travailleurs, pour qui le calcul est simple : en l’absence d’une importante hausse de leur salaire, celui-ci est affaibli, amputé par l’inflation, et les fins de mois deviennent impossibles.

Le 24 novembre, presque toutes les écoles d’Écosse étaient fermées faute d’enseignants, lesquels comptent se mobiliser à nouveau en décembre pour une augmentation de salaire de 10 %. Au niveau national, certaines organisations de professeurs ont déposé un préavis pour mi-janvier ; chez d’autres, les votes sont encore en cours. Environ 100 000 fonctionnaires des frontières ou des autoroutes sont appelés par leur principal syndicat à arrêter le travail autour de Noël.

Infirmières : la première grève de leur histoire

Certains secteurs, comme les transports, poursuivent leur combat de longue haleine débuté au printemps. D’autres entament tout juste leur mobilisation en un geste très symbolique, illustrant la gravité de la crise sociale qui secoue le pays : pour la première fois de leur histoire, soit depuis cent six ans, les infirmiers du public ont ainsi voté la grève pour les 15 et 20 décembre. Dans leur ligne de mire : les salaires bien sûr, mais aussi les conditions de travail dans un service public en surchauffe. Pour Branislav Rugani, secrétaire confédéral au secteur international de la confédération, le système de santé outre-Manche constitue un exemple repoussoir : Les hôpitaux britanniques ont encore moins de main-d’œuvre qu’ici. Ils sont les précurseurs de ce qui risque de se passer ailleurs, puisque aucune mesure n’est prise pour résoudre le problème du manque de personnel.

La période est ainsi historique pour le mouvement syndical britannique, que la politique de Margaret Thatcher s’était employée à vouloir briser il y a quarante ans. Les organisations espèrent parvenir à fédérer les luttes éparses pour organiser une grève générale permettant de renverser le rapport de force entre travailleurs, patronat et gouvernement, dans un pays qui souffre de plus en plus. Signe des difficultés, selon un sondage commandé par la Fédération des syndicats (TUC) et dont les résultats ont été dévoilés en octobre, 14 % des habitants du Royaume-Uni déclarent sauter des repas.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération