S i l’origine exacte de la journée internationale des femmes a donné lieu à des débats tant sur le plan historique que politique, il ne fait aucun doute que l’idée a pris corps dans les luttes ouvrières et féministes du début du 20e siècle en Europe et aux États-Unis.
Le 19 mars 1911, plus d’un million de femmes manifestaient dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis. Ce fut la première journée au cours de laquelle était ainsi mise en avant, à une échelle internationale, la lutte des femmes pour leurs droits. Les manifestantes revendiquaient le droit de vote, pour lequel les suffragettes se mobilisaient déjà au Royaume-Uni depuis 1903, mais aussi de meilleures conditions de travail, la fin des discriminations et des violences à leur encontre sur les lieux de travail et bien sûr, déjà, l’égalité salariale. Un an plus tôt, en 1910, des femmes venues de dix-sept pays, réunies à Copenhague pour la conférence internationale des femmes socialistes, avaient adopté à l’unanimité une motion soulignant la nécessité d’une journée internationale des femmes
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Pour le droit de vote, mais pas seulement
Plus tôt encore, le 28 février 1909, le Parti socialiste d’Amérique avait célébré une journée nationale de la femme (National Woman’s day). Plus tard, en 1913 et 1914, des femmes organisaient en Europe des rassemblements contre la guerre, fin février ou début mars. En Russie, le 23 février 1917 (correspondant au 8 mars dans le calendrier grégorien) des milliers de femmes réclamaient du pain et la paix
dans les rues de Petrograd. Quatre jours plus tard, le gouvernement provisoire accordait le droit de vote aux femmes. Certaines voix ont relié le choix du 8 mars à la commémoration des grèves des ouvrières de l’habillement aux États-Unis le 8 mars 1957. Mais cette référence n’a jamais pu être corroborée par des documents de l’époque. Quoi qu’il en soit, il faudra attendre 1948 pour que le principe à travail égal, salaire égal
soit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme.