Si la majorité d’entre eux estiment que leurs conditions de travail sont stables par rapport à avant la crise, ils sont tout de même plus de 40 % à faire état d’une dégradation. L’augmentation de la durée du temps de travail est notamment citée : 21 % parlent d’une intensification de leur travail. Ils sont nombreux à déclarer travailler plus longtemps qu’avant la crise sanitaire, plus souvent en horaires décalés. L’intensité émotionnelle dans le travail est également en hausse : 26 % des travailleurs déclarent être plus souvent bouleversés, secoués, émus dans leur travail. Et surtout, un travailleur sur quatre craint davantage pour son emploi qu’avant.
Toutefois, le constat est plus nuancé sur d’autres dimensions des conditions de travail. Ainsi, les travailleurs qui déclarent avoir bénéficié de plus d’autonomie, de coopération et de soutien social au travail sont presque aussi nombreux que ceux qui disent l’inverse, note l’étude. Quant au sens du travail (utilité sociale ou
, indique la Dares. fierté du travail bien fait
), s’il a été fragilisé par la crise pour un travailleur sur dix, il s’est renforcé pour près d’un travailleur sur cinq
Des conditions de travail fortement
dégradés pour 11 % des travailleurs
Pour 54 % des travailleurs en emploi, soit à peine plus de la moitié, la crise a eu peu d’impact sur les conditions de travail analyse la Dares sur la base de l’enquête. Il s’agit notamment d’ouvriers et d’employés de l’agriculture, de l’industrie ou la construction, des secteurs dont l’activité a stagné ou baissé. Pour un travailleur sur 20, les conditions de travail se sont même sensiblement améliorées. Cela concerne surtout des jeunes (moins de 34 ans) travaillant dans des secteurs très affectés par la crise (hébergement-restauration, activités culturelles, tourisme…)
Reste les autres travailleurs, plus de 40%… Et dans ce groupe, plus d’une personne sur trois parle d’une intensification du travail et d’une hausse des exigences professionnelles. Ces salariés, surtout cadres ou exerçant des professions dites intermédiaires, travaillent notamment dans le secteur de la santé, de l’enseignement et du commerce de détail.
Autant constatation, pour 11 % des actifs interrogés, les conditions de travail se sont fortement dégradées à cause d’une intensification du travail combinée à un manque de moyens pour effectuer correctement ses missions. Ce qui a été constaté à moult reprises, ces derniers mois, sur le terrain, par les militants FO. Les télétravailleurs sont surreprésentés dans ce groupe.
Une détérioration de la santé plus importante pour les télétravailleurs
Autre constat de la Dares, depuis le début de la crise, la santé psychique des travailleurs s’est fortement dégradée : en janvier dernier, au début de l’enquête, 30 % d’entre eux déclarent un état de santé altéré (contre 25 % en 2019) et 23 % présentent un risque élevé de dépression, soit plus du double qu’en 2019. Ces chiffres sont d’autant plus importants pour les travailleurs dont les conditions de travail se sont dégradées.
Cette détérioration de la santé est plus importante pour les personnes qui télétravaillent. Ainsi au moment de l’enquête, début 2021, 30 % des actifs sont en télétravail au moins quelques jours par mois. Si 48 % d’entre eux ont connu peu de changements dans leurs conditions de travail, 33 % évoquent une nette intensification de leur travail et 14 % une dégradation d’ensemble. Seuls 4 % d’entre eux ont connu une amélioration relative. La crise sanitaire a donc touché un peu plus les télétravailleurs que les autres actifs
, remarque la Dares.
Le télétravail a aussi des conséquences sur la santé physique : les télétravailleurs très réguliers (plus de trois jours par semaine) déclarent plus souvent que les autres manquer de moyens suffisants ou adaptés pour effectuer correctement leur travail. Enfin, ils souffrent de troubles de sommeil et de douleurs plus régulièrement qu’avant la crise.
Contamination au Covid et conditions de travail dégradées…
Dans le cadre de TraCov, la Dares s’est également intéressée à la contamination par le du Covid-19 dans les espaces professionnels. 18 % des travailleurs interrogés déclarent avoir été contaminés et 28 % d’entre eux (soit 5 % des actifs) disent l’avoir été « très probablement » dans le cadre du travail. Mais là encore, ces actifs dont les conditions de travail se sont dégradées évoquent davantage de contamination (28%) que ceux dont le travail a été peu impacté par la crise (14%).
La contamination liée au travail est plus fréquente en cas de contacts avec d’autres personnes, y compris durant les trajets en transport. Les professions de santé et de la sécurité, des métiers socio-éducatifs présentent les proportions les plus élevées de contamination, ce sont aussi celles qui tendent davantage à l’attribuer à leur travail.
En présentiel, la distance physique apparaît compliquée à respecter. La contamination est également associée à des conditions de travail rendant plus difficile le respect des gestes barrières, comme une intensité élevée du travail, un environnement professionnel bruyant, un manque de moyens ou des tensions avec le public. Plus du tiers des caissiers attribuent leur contamination à leur travail.
Si les télétravailleurs déclarent moins de contamination sur leur lieu professionnel, ils sont tout autant touchés par le Covid que les autres. Cela peut s’expliquer par des contacts sociaux plus intenses : les télétravailleurs pensent davantage avoir été contaminés hors de leur temps de travail. Toutefois, il faudra mener des études complémentaires pour voir si le télétravail a effectivement protégé les salariés du virus, estime la Dares.