Benoît Collombat est grand reporter à France Inter, à la direction des enquêtes et investigations. Il a déjà publié, notamment sur l’affaire Boulin. Damien Cuvillier a reçu en 2014 le prix « Révélation » du festival de la BD de Saint-Malo.
La première page de la BD commence par un conseil des ministres conduit par le président Pompidou fin 1973. Ce dernier déclare alors : Nous allons passer le cap des 400 000 chômeurs. C’est terrible pour la France
. Aujourd’hui nous avons dépassé les 3 millions et avec les petits boulots, les CDD, près de 8 millions de travailleurs sont touchés par la précarité.
Les auteurs de rappeler les citations de nos dirigeants. Valéry Giscard d’Estaing en 1974 : Le gouvernement fera le nécessaire, à temps, pour vous protéger du chômage. Il en a la volonté et il en a les moyens
. Dix ans plus tard, Laurent Fabius : Le combat contre le chômage sera, sans doute, long et difficile. Car la modernisation peut coûter des emplois avant d’en créer
. En 2007, Nicolas Sarkozy : Je veux m’engager sur le plein emploi : 5% de chômeurs à la fin de mon quinquennat
. Et enfin François Hollande en 2016 : Contre le chômage, il faut l’état d’urgence économique et social
. Sans oublier qu’aujourd’hui, se saisissant de la crise du Covid, certains patrons en profitent pour se séparer des salariés, sur le mode de l’effet d’aubaine comme le dénonce FO depuis un an.
Au cœur de la problématique : le néolibéralisme
Cet ouvrage est le fruit de plus de trois ans de recherches. Les chefs d’État de la V° République se sont succédé en ayant, tous, le même discours d’un combat pour le plein emploi indiquent les auteurs. Mais si Si les déclarations de lutte contre le chômage ont été martelées d’une présidence à l’autre, l’enquête des auteurs montre qu’au plan des actions concrètes, il en est tout autrement. Le choix du chômage a été fait parce qu’il sert le système économique actuel soutiennent-ils. Cela permet de maintenir les salaires à la baisse, entre autres. Mais aussi fragiliser la classe ouvrière pour la rendre moins revendicative.
Les auteurs interrogent et répondent : Pourquoi les hommes politiques ont remis les clés de l’organisation du monde à l’économie et à la finance ? Quelles personnalités sont à l’origine de ces grands choix économiques ? Quel rôle a joué la construction européenne ? Ce basculement repose sur la victoire idéologique, à un moment donné, d’une pensée : le néolibéralisme, pour qui le rôle de l’État est avant tout de servir le marché
. Benoît Collombat et Damien Cuvillier concluent : Aujourd’hui, l’épidémie du coronavirus montre bien l’urgence de s’interroger sur ces choix politiques et économiques, au-delà même des frontières de l’Hexagone
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