Comme tous les salariés, les cadres (19,3 % de la population active salariée en 2019 selon l’Insee) seraient impactés par la réforme. Or, une majorité écrasante de cadres a fait des études longues. Près de neuf sur dix sont diplômés du supérieur
, indiquait l’Insee en 2020. Dans le détail, 54 % sont titulaires d’un diplôme de niveau bac+5 ou plus, 20 % d’un bac+4 ou bac+3 et 14 % d’un bac+2. Concrètement, ils n’ont pu entrer dans la vie active ni à 16, 18 ou même 20 ans. Les règles sur la durée de cotisation nécessaire pour un taux plein donnent alors le vertige. Désormais, selon la génération, 42 ans et plus..., et même 43 ans selon la réforme Touraine dont le gouvernement vise à accélérer le calendrier.
Même avec une carrière ininterrompue – difficile pour les femmes entre autres –, il est mathématiquement impossible à un cadre d’obtenir à 62 ans ou 64 ans une retraite à taux plein avec tous les trimestres requis. Et à savoir que même à 67 ans, âge de l’arrêt de la décote (seuil que le projet maintient et médiatise fort hypocritement), le coefficient de proratisation, qui existe déjà, s’applique encore, comme à tout salarié. Il établit ainsi le rapport entre les trimestres validés et les trimestres requis, ce qui participe à réduire le montant de la pension en cas de trimestres manquants. Diminution qui en toute logique serait d’autant plus marquée après la réforme.
Trimestres requis : un sommet de montagne inatteignable
Par son durcissement des règles sur l’âge légal de départ et sur la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, elle reviendrait donc pour les cadres aussi à une double peine : l’obligation de travailler plus tard pour, au final, une pension plus sévèrement amputée qu’actuellement. Les cadres affichant une carrière longue seraient eux aussi impactés. Quant à racheter, à un âge avancé, des années d’études pour gonfler un stock insuffisant de trimestres, le tarif est prohibitif : entre 2 800 et 4 000 euros environ, par trimestre. Et tout cela est sans parler du chômage des cadres seniors, dû à la politique des entreprises.
Fin 2021, selon Pôle emploi, 700 000 cadres recherchaient un emploi dont 112 000 seniors, qualifiés ainsi à partir de 55 ans, au mieux. Dans une étude (Apec et Pôle emploi) de février 2022, 89 % des cadres seniors au chômage soulignent que l’âge est un désavantage
dans la recherche d’emploi. Sur 83 % de demandeurs d’emploi cadres du secteur privé, 81 % avaient été licenciés à l’initiative de l’employeur
... Pour FO, il y a urgence à mettre la question de l’emploi, des seniors notamment, au centre de la problématique des retraites.