Carole, de la psy au combat syndical

Portrait par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© F. BLANC

Carole Prioult, 36 ans, bientôt maman et à moitié mariée car la cérémonie civile n’a pu se tenir en pleine crise Covid, plaisante aussi sur son parcours professionnel sportif. Aucun lien avec le fait d’être salariée chez GO Sport avec mandat de déléguée FO pour les UES.

T itulaire d’un master en psychologie, rien ne destinait Carole Prioult à travailler chez GO Sport, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), et en CDI depuis 2009. Pas davantage à devenir élue au CHSCT, et, depuis 2016, une des délégués FO (deuxième syndicat dans l’entreprise) pour les UES, les Unités économiques et sociales regroupant le siège de l’enseigne et ses 80 magasins intégrés (1 600 salariés environ). Ce sont des difficultés à trouver un emploi après ses études et de sérieux problèmes de santé qui ont amené la jeune femme, native du Val-de-Marne, à faire des choix. Chez GO Sport, où elle avait effectué des petits boulots d’étudiante, elle devient hôtesse de caisse à mi-temps, exerçant parallèlement son activité de psychologue, sans toutefois pouvoir en vivre. Les élections professionnelles de 2014 vont constituer un tournant pour Carole, non syndiquée. Des salariés m’ont demandé de me présenter pour les élections des DP. Elle s’inscrit sur la liste FO, remarquant les revendications structurées et le caractère interprofessionnel de l’organisation. Depuis, la militante, par ailleurs conseillère prud’homale, se  bat pour le respect des droits des salariés.

 J’ai dû lutter contre les ouvertures abusives de rayons

GO Sport, filiale de Casino, appartient au groupe Rallye (dirigé par Jean-Charles Nouari), tout juste sorti, en mars, d’une procédure de sauvegarde avec l’acceptation par la justice de son plan de redressement garni de plus de 3 milliards d’euros de dettes à rembourser. Ce qui pèse... GO Sport écrème les effectifs, fait des PSE sous la table, notamment par des licenciements individuels lorsqu’un magasin ferme. Et depuis 2015, plus de trente-cinq ont fermé, des centaines de salariés ont ainsi perdu leur emploi, sans compter d’autres types de départs. Depuis l’an dernier, dans le prolongement de la cession de Courir, GO Sport a fait appel au cabinet Prosphères, spécialiste du « redressement » d’entreprises et de sinistre réputation pour beaucoup de salariés en France. Son plan de  réorganisation du travail augmente encore la charge de travail, indique la déléguée. Des salariés ont décidé de partir. Le dialogue social est quant à lui au point mort, FO a lancé une procédure pour délit d’entrave.  Depuis 2018, la commission de suivi d’accords ne s’est pas réunie, en 2020 il n’y a aucune négociation de NAO… D’ailleurs, depuis 2016, les seules augmentations générales de salaire sont celles actées par la branche. Le 8 décembre se tiendront les élections pour la constitution d’un CSE central, très attendu. Car pour l’instant, s’insurge Carole, en CSE national on nous dit que tout doit se résoudre au plan local. Depuis la crise sanitaire, Carole a dû veiller plus encore au respect des droits dans l’entreprise. Lors du deuxième confinement, vingt magasins sont restés ouverts, pour le click and collect et la réparation de cycles. J’ai dû lutter contre les ouvertures abusives de rayons et parfois faire appel à la police. Lors des deux confinements, si le télétravail a été beaucoup appliqué au siège, dans les magasins le recours à l’activité partielle s’est traduit par des pertes de rémunérations. Les salariés ont perçu 84 % du salaire net, l’employeur refusant d’abonder pour aboutir à 100 % du salaire. Et il a fallu s’élever contre des erreurs de sous-estimation de l’assiette servant au calcul des 84 % !

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération