« Cash Investigation » trouble les faiseurs de ronds dans l’eau

Consommation par Michel Pourcelot

L’émission de France 2 a jeté un pavé dans le business de l’eau et cela avant même sa diffusion le 13 mars. Ainsi, des enquêtes internes ont été lancées dans des entreprises concernées et un signalement à la justice effectué par un adjoint de la Mairie de Paris.

2013

C’est à cette date que la Commission européenne a classé sans suite une enquête sur des soupçons de cartels dans la distribution d’eau en France.

En regardant « L’eau, scandale dans nos tuyaux », enquête de l’équipe de « Cash Investigation », le 13 mars 2018, les Nîmois ont pu apprendre que non seulement ils payent très cher leur eau, mais que de plus leur ville détient la première place au « Flotte 50 ». Avec pratiquement un litre sur trois de perdu, elle détient le record de fuites dans les canalisations au classement des cinquante villes les plus peuplées de France. Soit l’équivalent de 1 377 piscines olympiques par an et 9,4 millions d’euros de pertes sèches, payées bien sûr par les habitants. Apparemment le réseau n’a pas vraiment été entretenu et la société qui le gère par délégation de service public (DSP) ne se précipite pas pour colmater les fuites. En revanche, on peut la voir maintenir pendant douze ans, pour un impayé contesté de 200 ou 300 euros, une coupure d’eau, pourtant devenue illégale. Interrogée, l’entreprise, numéro trois de l’eau en France, a tenté de noyer le poisson...

Remous et vagues en Île-de-France

Plus au nord du pays, en région parisienne, les quelque 9 millions de consommateurs franciliens se sont vu offrir une explication à la hausse de 60 % en dix ans de la redevance sur l’eau, grandement due à celle du coût de l’assainissement des eaux usées, où l’on use des vieilles méthodes, semble-t-il. Donnant lieu à des scènes que l’on aurait pu croire de l’époque de la Générale des Eaux : enveloppes, établissement de cartels, partage de marchés truqués, surfacturation d’installations pharaoniques, menaces voilées d’un intermédiaire... Depuis quelques mois déjà, le soufre émanant de ce business de l’eau est de plus en plus visible. Entre autres, un entrepreneur italien a porté plainte contre une multinationale française après avoir enregistré au stylo-micro les tentatives de corruption, qui, selon les Français, n’auraient été qu’une comédie. En revanche, le parquet financier s’y intéresse sérieusement. Un coup d’épée dans l’eau ne serait pas de trop.

 

Zoom : Un droit fondamental Une quinzaine de pays dans le monde, et un seul européen, la Slovénie, ont inscrit le droit à l’eau potable dans leur Constitution et interdit toute forme de privatisation. En France, la gestion de l’eau relève des communes. Plus de 60 % de la population française est approvisionnée en eau potable via une délégation de service public (DSP).

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Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante