Castorama : une grève traduit le malaise général des salariés de l’enseigne

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© Baptiste FENOUIL/REA

Salaires bas, absence de perspectives d’évolution, conditions de travail difficiles en raison du manque d’effectifs... le ras-le-bol des salariés de l’enseigne de bricolage Castorama est à son comble. Le 21 mai, c’est le personnel du magasin de Villenave-d’Ornon, près de Bordeaux, qui a cessé le travail. Illustration d’un malaise qui touche l’ensemble des établissements.

Les salariés ont planté le piquet de grève devant « leur » magasin, à Villenave-d’Ornon (Gironde). Cette journée d’actions dans ce magasin Castorama employant, 107 salariés visait à dénoncer des conditions de travail de moins en moins supportables. Jean-Paul Gathier, délégué syndical central FO chez Castorama explique : Plusieurs salariés ont quitté le magasin et n’ont pas été remplacés dans leur poste. Ceux qui restaient se sont retrouvés avec une charge de travail supplémentaire, et donc du stress en plus. Ils sont épuisés et c’est ce qui les a conduits à la grève.

Cette situation sur l’emploi est en partie liée à un manque d’effectifs qui ne date pas d’hier, et que la direction de Castorama justifie par une difficulté à recruter. Pour FO, rien d’étonnant. Les salaires sont trop peu attractifs, dénonce le DSC. Ainsi, un vendeur gagne le Smic et un chef de rayon seulement 12% au-dessus du Smic. Les perspectives d’évolutions de carrière sont décourageantes, c’est pour cela que Castorama n’arrive pas à recruter.

Perdre une journée de travail sur des petits salaires c’est très fort

Le problème sur l’emploi a aussi une deuxième explication, les conditions de travail dégradées, inhérentes au manque d’effectifs. Bref, un cercle vicieux. Ainsi, des salariés qui arrivent dans l’entreprise ne vont même pas au terme de leur période d’essai, effrayés par la masse de travail à abattre et le salaire correspondant, faible. Résultat, un turn-over important, et des conditions épuisantes pour les salariés qui restent et doivent assurer leur mission, tout en formant de nouveaux venus qui quitteront le site peut-être plus vite que prévu.

Signe fort du malaise au sein du magasin girondin, parmi la trentaine de grévistes, on comptait des salariés en CDD depuis 8 mois, en attente d’être embauchés, et, plus surprenant, des jeunes en contrat étudiant, (ne travaillant que le samedi et le dimanche). Perdre une journée de travail sur des petits salaires c’est très fort, cela démontre le ras-le-bol à tous les étages, poursuit Jean-Paul Gathier.

Cette pénurie de main-d’œuvre illustre le problème plus global e chez Castorama, analyse le militant. Cette fois, la grève a eu lieu en Gironde, mais elle aurait pu se dérouler ailleurs et d’autres établissement pourrait leur emboîter le pas. Pendant le Covid, on a demandé aux salariés de poursuivre le travail et de mettre les bouchées doubles, ce qui a eu pour conséquence des chiffres d’affaires mirobolants pour les actionnaires. Et aujourd’hui pourtant, il n’y a aucune reconnaissance, ni financière, ni humaine.

90% des salariés gagnent le Smic ou 10% au-dessus

Sur le plan des salaires, selon le DSC, 90% des salariés de l’entreprise de bricolage gagne entre le Smic et 10% au-dessus du Smic, un salaire de base relativement faible assorti de primes aléatoires d’un magasin à l’autre et non pérennes. Ce que nous demandons, ce sont de vraies augmentations de salaire. Cela permettra d’attirer de nouveaux salariés mais aussi bien sûr de récompenser ceux qui ont tant donné pendant la crise sanitaire. Nous souhaitons également que les CDD soient embauchés en CDI, résume le militant.

Plus tôt dans l’année, un courrier avait été envoyé à la direction de Castorama par les organisations syndicales afin de rouvrir les Négociations Obligatoires Annuelles au niveau national. La direction y a opposé, une fin de non-recevoir, renforçant la colère des salariés indique Jean-Paul Gathier.

Ces derniers se retrouvent dans des situations ubuesques, contraints de jongler entre de nombreuses tâches et l’insatisfaction de clients délaissés. On nous remonte des cas de burn-out et de dépressions, certains salariés, avec 20 ans d’ancienneté démissionnent... Tout ça parce que la direction ne veut pas augmenter les salaires !

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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