Ce qui compte le plus, c’est la parole du salarié 

Portrait par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© F. BLANC

Laurent Djebali, 51 ans, est secrétaire général de FO-Groupe RATP. Ce jeune syndicat rassemble des camarades venus de FO et d’autres organisations, et qui ont décidé d’unir leurs forces après avoir fait front commun contre la réforme des retraites en 2019. Le syndicat vise à arriver dans les deux premières places aux élections professionnelles de novembre.

L aurent Djebali a pris en avril dernier la tête du syndicat FO-Groupe RATP. Ce Parisien est entré à la RATP comme conducteur de métro en octobre 1995, juste avant les grandes grèves contre la réforme des retraites, c’était un signe, souligne-t-il. Dans la foulée, il s’est syndiqué au SAT, un syndicat catégoriel d’entreprise. Je m’y retrouvais, j’estime que si tu luttes sans négocier, tu ne peux pas être un bon syndicaliste, explique-t-il.

Après dix ans passés aux commandes d’un métro, il devient permanent syndical et intègre le bureau du SAT, passé à l’UNSA en 2004. Il devient secrétaire du pôle traction de ce syndicat en 2009.

La réforme des retraites a été un moment charnière dans sa vie syndicale. J’ai décidé de la combattre dès mai 2019, comment pouvait-on laisser les concertations se dérouler sans être jamais acteur de notre avenir ? Après une première mobilisation des délégués du secteur de la traction en juin 2019, les militants sont appelés à la grève le 13 septembre. On a réussi à fermer tout le réseau métro et RER, se félicite-t-il. À la RATP, nos acquis sociaux sont issus de batailles gagnées dans le passé et on ne doit rien lâcher pour les transmettre aux plus jeunes. Un nouvel appel est lancé pour le 5 décembre. Il sera suivi par plus de 90 % des conducteurs de métro et RER et marquera le début d’une mobilisation nationale de deux mois et demi.

Si le terrain fait front commun contre la réforme des retraites, la fracture grandit entre Laurent et son organisation. Il est alors approché par l’UD FO de Paris et la Fédération FO des Transports. Mais il est d’abord réticent. Je considérais les confédérations comme trop éloignées du terrain or pour moi, ce qui compte le plus, c’est la parole du salarié. Mais ses préjugés tombent rapidement.

Beaucoup de jeunes dans le syndicat

Cet homme de terrain a rejoint FO en avril 2021. Il devient secrétaire général de FO-Groupe RATP dont les statuts ont été réécrits. Ce syndicat rassemble des militants issus de FO, de l’UNSA, de SUD et de RS-RATP, mobilisés ensemble contre la réforme des retraites.  On a su trouver un consensus, explique-t-il. Le syndicat est un outil au service des salariés, c’est comme ça que je ressens le syndicalisme.

Le premier défi, les élections professionnelles du 22 au 26 novembre 2021. Le militant se montre optimiste. Le syndicat va présenter des listes dans tous les CSE sauf chez les ingénieurs. Son objectif est bien sûr d’être représentatif, et avec l’ambition d’arriver dans les deux premières places.  On a regroupé beaucoup de syndicats d’opérateurs, je pense qu’on peut être premiers dans de très nombreux secteurs, estime-t-il. La maîtrise et les cadres aussi doivent être bien représentés. Et même s’il a manqué de temps, le syndicat travaille à les sensibiliser.

Au-delà de cette échéance électorale, les dossiers à traiter sont nombreux : ouverture à la concurrence, filialisation des fonctions support, augmentation des salaires…

On va proposer une feuille de route à la direction. Et pour le syndicat FO, il faut aller au-delà de la défense des acquis pour pouvoir avancer. Laurent Djebali a confiance dans l’avenir du syndicat. Ma fierté, c’est qu’il compte beaucoup de jeunes, on a su se renouveler, nos messages sont passés, c’est une arme de guerre, ajoute-t-il.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération