Centre de la main de Trélazé : la jeune section FO fait bouger les lignes

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Créée il y a seulement un mois par des infirmières, la section FO du centre chirurgical de la main à Trélazé (Maine-et-Loire) a obtenu par une grève de deux jours que la direction entende les revendications des salariés et commence à y apporter des réponses. FO, seul syndicat sur le site, demande que s’ouvrent de vraies négociations.

Elles ont fait grève les 7 et 8 décembre dernier à l’appel de la jeune section FO créée il y a un mois au centre de la main, basé sur le Village Santé de Trélazé, près d’Angers, dans le Maine-et-Loire. Elles, ce sont les infirmières de ce centre chirurgical comptant, hors médecins, une quarantaine de salariés (secrétaires médicales, infirmières, agents de service), relevant du secteur lucratif et dont le personnel est rattaché à la convention collective des cabinets médicaux.

Organisant un piquet de grève et allant manifester dans le Village santé où sont notamment installées trois grandes cliniques, les infirmières, massivement mobilisées et soutenu par le syndicat FO Santé privée du Maine-et-Loire ainsi que par la structure régionale du syndicat, ont fait entendre les revendications des salariés du centre : une revalorisation salariale de 160 euros nets/mois, rétroactive au 1er septembre 2020 dans le cadre de la transposition de l’accord salarial du Ségur de la Santé, la mise en place d’un treizième mois, la mise en place aussi d’une prime/contrepartie financière au temps d’habillage et de déshabillage et la prise en compte du temps de travail effectif dès la première minute.

Ces deux dernières revendications font l’objet d’une demande de rappel sur trois ans. Et pour cause. Cela fait vingt ans que la loi n’est pas respectée souligne Christian Noguera, le secrétaire général du syndicat FO-Santé privée du Maine-et-Loire faisant référence à la loi 2000-37 du 19 janvier 2000.

D’ores et déjà des avancées

Alors que dans ce centre — créé il y a une trentaine d’années par un chirurgien — aucun syndicat n’était implanté avant l’arrivée de FO, la direction semble comprendre qu’il faudra désormais compter avec cette présence syndicale et entendre les revendications du personnel. Pour la jeune section FO créée par des infirmières, la lutte ne fait que commencer, et elle apporte déjà des résultats.

Le 5 décembre, organisant une assemblée générale inédite en visioconférence avec le soutien du syndicat FO-Santé privée du département, les infirmières avaient décidé de lancer un ultimatum de 24 heures à la Direction pour qu’elle réponde aux revendications. Mais celle-ci a adopté une stratégie de surdité. La section FO a décidé alors de la grève pour le 7 décembre. A cette mobilisation jusqu’au 8 au soir s’est ajoutée, à la demande des grévistes, l’intervention sur le site d’un inspecteur du travail, lequel a pointé le non-respect de la réglementation en matière d’habillage/déshabillage.

La Direction du centre a enfin accepté de rencontrer les salariés, le 10 décembre. Cinq jours plus tard, elle annonçait en CSE (où ne siège pas FO, la section ayant été créée après les élections) qu’elle verserait aux personnels concernés (infirmière, aides-soignants) par le temps d’habillage/déshabillage une prime forfaitaire de 505 euros bruts/an. La mesure sera appliquée au 1er janvier. La direction accepte aussi de prendre en compte le temps de travail effectif, donc les heures au-delà de l’horaire normal de travail.

FO demande des négociations, notamment salariales

FO qui est en position leader depuis plusieurs années sur tous les différents établissements du Village Santé de Trélazé sauf un n’a pas dit son dernier mot. En effet, la section — qui pour sa demande de prime habillage/déshabillage avait notamment pris pour modèle l’accord signé à la clinique St Joseph basée sur le Village — entend amener la direction à une véritable négociation appuie Christian Noguera.

Il s’agit explique-t-il de faire reconnaître la section FO que pour l’instant la Direction tente de contourner. FO compte notamment aussi obtenir une négociation sur la question du 13e mois. Plus largement, alors qu’une négociation sur une revalorisation salariale est en cours au sein de la convention des cabinets médicaux précise le militant, la question des salaires reste en suspens dans le centre, doté de deux blocs opératoires et où le personnel, notamment infirmier, assure une journée de travail garnie souvent d’une amplitude de 12 heures. FO demande là encore une négociation. Ce qui n’étonnera personne.

Si les salaires des infirmières se situent au-dessus du minimum conventionnel, ils nécessitent de sérieuses revalorisations. A titre d’exemple, une jeune infirmière avec un an d’ancienneté perçoit actuellement 1 730 euros nets par mois. Une infirmière affichant 22 ans d’ancienneté perçoit elle 2 055 euros, soit seulement 325 euros de plus.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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