Champagne Burtin : trois semaines de grève pour obtenir des négociations salariales

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© UD FO 51

Première victoire pour les salariés en grève de Maison Burtin, fabricant de Champagne à Epernay (Marne). Pendant trois semaines, la direction a refusé le dialogue avec les syndicats lesquels ont dû demander l’intervention d’un médiateur. La direction a finalement accepté le principe de négociations salariales. La grève a été suspendue.

Il aura fallu trois semaines de grève pour que la direction prête l’oreille à leurs revendications salariales. Du 6 au 27 octobre, la quasi-totalité des salariés de Maison Burtin, producteur de champagne dans la Marne, ont cessé le travail. Alors que le conflit s’enlisait, la direction refusant tout dialogue social, les syndicats ont dû faire appel à la préfecture de la Marne afin qu’une médiation soit engagée. Après l’intervention de la sous-préfète d’Epernay, la direction a fini par accepter le principe de négociations.

Nous souhaitons que soit mise en place une sorte de prime d’assiduité à hauteur de 70 euros mensuels, et reliée au salaire afin que cela entre dans le calcul de la retraite, résume Mélanie Matoux, déléguée syndicale (DS) FO chez Maison Burtin. Jusqu’à présent, la direction nous proposait ce qu’elle appelle une “prime Macron”, mais conditionnée à des résultats chiffrés inatteignables.

Un secteur qui repart mais aucune redistribution aux salariés

Si l’acceptation par la direction de négocier apporte l’espoir d’une sortie de crise, cela arrive après une période pour le moins difficile, insiste Mélanie Matoux. La grève est la conséquence d’une accumulation de déceptions depuis des années pour les salariés. Pendant la pandémie, nous étions au chômage partiel, et quelques équipes constituées de 20 à 30 salariés ont été réquisitionnés, mais sans recevoir aucune compensation. Et lors des dernières NAO (Négociations Annuelles Obligatoires), il n’y a eu aucune discussion : cela a été non à tout.

Dans l’entreprise, le salaire de base d’un ouvrier est de 1 700 € bruts.

Certes sévèrement touché par la crise sanitaire (baisse de 25% du chiffre d’affaires en 2020), le secteur du champagne est bien reparti en 2021. Au premier semestre, les
ventes de champagne ont bondi de 48% par rapport à la même période de 2020. Les professionnels du secteur tablent sur une vente de 300 millions de bouteilles (contre 244 en 2020), soit un chiffre d’affaire de cinq milliards d’euros. Les niveaux de vente sont supérieurs à avant la crise et les salariés, qui ont travaillé dur pendant la période de pandémie, demandent légitiment à bénéficier des retombées des bons résultats économiques. Sans compter que, depuis la pandémie, à l’instar de nombreuses autres entreprises, les maisons de champagne ont perçu des aides publiques et elles ont même versé des dividendes à leurs actionnaires pendant cette période.

Certains n’avaient jamais fait grève de leur vie

La soixantaine de salariés du collège ouvrier de l’entreprise avaient lancé la grève à l’initiative d’une intersyndicale comprenant FO. Signe de leur détermination, le mouvement a été suivi à 98%, souligne la militante. Certains n’avaient même jamais été en grève de toute leur vie. Mais ils en ont assez d’être la cinquième roue du carrosse.

Et il a fallu toute la détermination des salariés pour mener une grève et faire face aux pressions de la direction de Maison Burtin (groupe Lanson-BCC). Arguant de dégradations au sein des locaux, celle-ci a envoyé plusieurs huissiers sur le site. Concrètement, il s’agissait d’une attaque contre le mouvement de grève. La direction semblait vouloir s’entêter à des poursuites judiciaires, indique la déléguée FO, Mélanie Matoux, précisant heureusement, celles-ci devraient être levées. Le piquet de grève s’était d’abord tenu devant l’entrée principale de l’entreprise, puis sur le site des expéditions de bouteilles, à Epernay.

Des négociations salariales dès novembre ?

Cette grève laissera des traces : beaucoup de salariés ont perdu confiance en la direction, ils se sentent méprisés. D’autant que depuis la fin du mouvement, les syndicats déplorent des incidents et débordements. Certains grévistes ont été pris à partie par des chefs de service, dénonce Mélanie Matoux. Nous avons fait remonter ces informations à la direction, car il est inacceptable que des salariés subissent des pressions car ils ont fait grève.

Pour l’heure, alors que le travail a repris dans l’entreprise, un médiateur a été désigné par la sous-préfecture de Reims. Nous attendons les dates de début de négociations salariales, indique la déléguée FO, qui souhaite qu’elles démarrent au plus vite, soit dès ce mois de novembre.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus