Changement climatique : la Banque mondiale alerte sur les risques de migrations internes

Rapport par Evelyne Salamero

L’Afrique subsaharienne sera la région la plus touchée, d’ici à 2050, par des migrations internes de sa population en raison des effets du changement climatique, selon un récent rapport de la Banque mondiale. © Andrew McConnell/PANOS-REA

Pas moins de 143 millions de personnes pourraient être contraintes de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays d’ici à 2050 pour échapper à la sécheresse ou, à l’inverse, à la montée des eaux.

Le rapport que la Banque mondiale vient de publier, « Groundswell [vague de fond − NDLR], se préparer aux migrations climatiques internes », porte sur trois régions, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine, qui représentent 55 % de la population des pays en développement.

D’ici à 2050, 143 millions de personnes, soit 2,8 % de la population de ces trois zones, pourraient être contraintes de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays pour échapper aux effets à évolution lente du changement climatique, comme la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer ou les conséquences des tempêtes. Cette tendance devrait ensuite s’accélérer.

Les zones urbaines et péri-urbaines où les populations vont se réfugier, souligne le rapport, devront se préparer à faire face à un afflux de populations en améliorant notamment le logement et les infrastructures de transport, les services sociaux et les opportunités d’emploi.

L’institution financière internationale envisage trois scénarios plus ou moins inquiétants, mais dans tous les cas l’Afrique subsaharienne sera la plus touchée, puis l’Asie du Sud et l’Amérique latine.

Selon l’OIT, en 2014, 19,3 millions de personnes avaient déjà quitté leur foyer

Elle préconise donc bien évidemment de réduire sans tarder les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’intégrer la migration climatique dans la planification du développement et d’investir maintenant dans les techniques d’observation, expliquant qu’il est vital d’entreprendre une recherche basée sur des données probantes, avec de nouvelles sources de données, comme les images satellite ou les téléphones mobiles.

De son côté, l’OIT (Organisation internationale du travail), qui s’est penchée sur la question depuis plusieurs années, a relevé qu’en 2014, 19,3 millions de personnes, résidant pour la plupart dans des pays du Sud, ont déjà dû quitter leur foyer en raison de risques naturels. Selon elle, des preuves croissantes confirment que le changement climatique devient un moteur supplémentaire de la migration, à la fois interne et à travers les frontières.

Dans ce contexte, l’OIT entend œuvrer pour amplifier la ratification par les gouvernements des conventions 97 et 143 sur les droits des travailleurs migrants. Mais elle a également adopté en 2015 des principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous. Ces directives restent cependant encore à mettre en œuvre, a souligné la CSI (Confédération syndicale internationale) au moment de la COP 23 en novembre dernier. 

 

Éclairage : Comment la Banque mondiale a mené son étude  
Au-delà des trois régions (Afrique subsaharienne, Asie du Sud et Amérique latine), la Banque mondiale a étudié de plus près trois sous-régions (Afrique de l’Est, Asie du Sud, Mexique et Amérique centrale). Puis les résultats ont été mis en contexte dans trois pays : l’Éthiopie, le Bangladesh et le Mexique. Elle établit ainsi que les hauts plateaux du sud de l’Inde, le plateau central qui entoure Mexico et Nairobi au Kenya sont susceptibles de devenir des foyers d’immigration climatique.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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