Charbon : la centrale de Saint-Avold remise en service pour six mois, officiellement

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© Fred MARVAUX/REA

Voilà la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) redevenue un maillon essentiel de l’approvisionnement français en électricité ! Alors qu’elle avait fermé ses portes le 31 mars, pour répondre à la promesse de campagne 2017 du candidat Macron d’en finir avec la production électrique issue du charbon sur le sol français d’ici 2022, elle a été rallumée le 28 novembre. Cette décision illustre le manque d’anticipation et de courage politique de l’exécutif, qui ne dit pas ce qu’il veut, dénonce Jean-Pierre Damm, délégué syndical FO, organisation majoritaire. De fait, avant la fermeture, en janvier-février 2022, le site tournait à plein régime, à sa demande, rappelle-t-il. Pis, deux jours avant l’arrêt, l’exécutif avait reconnu que la centrale pourrait être rappelée à la rescousse. Décision confirmée fin juin, après les élections présidentielle et législatives, par le ministère de la Transition énergétique, lequel a précisé que la mesure était conservatoire, autrement dit provisoire.

Conditions de travail dégradées et emploi précaire

Rien d’une surprise pour Jean-Pierre Damm : Soyons clairs, FO ne s’accroche pas au charbon. Mais avant de sortir de la production d’électricité par le charbon, il faut s’être assuré que celle-ci est remplacée par un mode de production pilotable, donc maîtrisé ! Dans l’immédiat, le DS FO dénonce les conséquences directes, sur le site, de l’absence de visibilité : des conditions de travail dégradées et l’explosion de la précarité dans la sous-traitance. Élu au comité social et économique de GazelEnergie (exploitant du site et filiale du groupe EPH appartenant au milliardaire Daniel Kretinsky), il a émis plusieurs réserves sur la remise en service.

D’abord sur le sous-effectif, qui met les équipes sous tension extrême. La centrale tourne aujourd’hui avec 25 % de salariés de moins qu’à la fermeture : 68 contre 89 ! La quasi-totalité sont d’anciens salariés licenciés, ayant été réembauchés en CDD jusqu’au printemps 2023. Un vivier contraint, certaines compétences exigeant dix-huit mois de formation. Mais l’appel aux volontaires n’a pas fait le plein, malgré la prime obtenue par FO (3 000 à 5 000 euros brut mensuels). Beaucoup ont refusé de revenir. Ils anticipaient l’état déplorable des installations après des mois à l’arrêt, note le militant qui déplore le refus de GazelEnergie d’embaucher des jeunes.

Autre situation inacceptable pour FO : la précarité chez les sous-traitants travaillant à l’alimentation en charbon. Parmi la centaine de salariés, 50 % sont intérimaires, certains sur un contrat d’une semaine. Cela permet d’ajuster les effectifs à l’intermittence de l’activité. De fait, bien qu’autorisée à fonctionner 2 500 heures entre octobre 2022 et mars 2023, la « tranche charbon » de 600 MW (mégawatts-heure) n’a encore tourné que trois semaines 24 heures sur 24 (entre le 28 novembre et mi-décembre). On devrait reproduire cela mi-janvier, lors de la prochaine vague de froid, prévient le DS FO, qui anticipe un redémarrage l’hiver prochain. Sur nouvelle demande de l’exécutif.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération