Infirmier, il ne l’est pas devenu par hasard. Pour Charles Laborderie, 30 ans, c’était une vocation. Bac scientifique en poche, le Marseillais fera ses trois ans d’études à l’école Sainte-Marguerite, l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de la cité phocéenne. Depuis sept ans il est infirmier, exerçant au service réanimation des urgences du centre hospitalier de la Timone (4 706 agents, 1 023 médecins), un des établissements de l’AP-HM, l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille. La crise sanitaire, il connaît. La tension dans les hôpitaux, aussi. Ainsi, explique-t-il, lors du deuxième week-end d’octobre, dans les différents services de réa de la région, il ne restait qu’une place disponible pour six patients qui attendaient
. Charles craint une grande fatigue des personnels car pour ce nouvel épisode de crise, nous savons que nous ne recevrons pas de renfort, les hôpitaux devant tous faire face à l’épidémie
. Dans son service qui compte dix lits de réa, un lit de déchocage et onze de soins continus, cette dernière unité a été transformée en réa pour faire face à l’épidémie
. Entre les équipes de jour et de nuit, le service compte au total une cinquantaine d’infirmiers. Il y a régulièrement des départs car le rythme de travail, la pression quotidienne sont épuisants du fait d’une charge de travail qui augmente sans cesse. Les agents passent deux, trois ans dans le service puis s’en vont
. Le quotidien d’un infirmier, déplore Charles, c’est de faire aussi beaucoup de paperasse. Et il faut être laborantin, secrétaire... On a donc moins de temps pour les patients
. Le problème est tel qu’en 2015 le service a créé trois postes de « médiatrices administratives », des aides-soignantes ont été formées pour gérer les appels téléphoniques, les dossiers d’entrée et de sortie des patients...
On attend beaucoup du Ségur
Actuellement, les personnels du service demandent la création, au minimum, d’un à deux postes d’infirmiers car s’il y a eu des arrivées ces derniers temps, il y a eu autant de départs
, souligne Charles qui, en amont de la crise, a participé aux actions de protestation des hospitaliers et qui l’été dernier a pris sa carte à FO, syndicat leader à la Timone. Je veux être informé et m’engager, participer à améliorer les choses dans l’hôpital.
Déjà l’accord Ségur, signé en juillet, notamment par FO, et assorti d’un suivi est porteur d’espoir. On en attend beaucoup, qu’il soit à la hauteur d’une situation hospitalière qu’il faut changer
, indique l’infirmier qui perçoit un salaire net, pour le service de jour, variant de 1 750 à 2 000 euros. Pour le travail de nuit, de 18h30 à 7h30, on ne perçoit que 100 euros de plus par mois et toutes les heures ne sont pas considérées en heures de nuit
, fulmine-t-il, ravi que le Ségur se préoccupe de ce dossier. Charles attend la fiche de paie d’octobre avec la première partie de l’augmentation obtenue au Ségur. Percevoir bientôt 183 euros de plus par mois, c’est déjà une petite victoire
, mais, appuie-t-il, qui ne peut faire oublier le problème des effectifs, des carrières... Il faut réaffecter du personnel à tous les niveaux de l’hôpital. On fixe des objectifs aux hôpitaux ? Alors il faut savoir qu’il faut du personnel pour les remplir et savoir aussi que nous, nous sommes d’abord là pour soigner !