Chaussures André : incertitude sur l’emploi après la mise en redressement judiciaire de son propriétaire

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Marta NASCIMENTO/REA

Depuis la liquidation de Camaïeu, la série noire se poursuit dans le secteur spécialisé du commerce, vêtements et chaussures. Le propriétaire de l’enseigne historique André a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de Commerce de Nanterre au début du mois de février. Celui-ci devrait se prononcer fin mars sur la poursuite ou non de l’activité du chausseur. Les salariés, eux, sont déjà dans l’inquiétude concernant l’avenir des emplois.

André se retrouve à nouveau dans la tourmente. Le 2 février, le tribunal de commerce de Nanterre a placé en redressement judiciaire son propriétaire, l’entreprise 1Monde9. André, qui compte 55 boutiques et emploie 280 salariés, revendique un chiffre d’affaires annuel d’un peu moins de près de 31 millions d’euros.

Avec les salariés, On se doutait que la situation était mauvaise, soupire Fatiha, déléguée syndicale centrale FO. Mais nous ne pensions pas que le redressement judiciaire arriverait si vite : on espérait avoir encore un ou deux ans devant nous... L’entreprise 1Monde9, dont le P-DG François Freijoo avait repris l’enseigne en 2020, s’est déclaré en cessation de paiement le 27 janvier, et demandé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire.

Une prochaine audience fin mars

Les salariés se tournent dorénavant vers le 30 mars, date de l’audience fixée par le tribunal pour statuer s’il y a lieu sur la poursuite d’activité. Ce que l’on espère, c’est que le P-DG gardera quelques boutiques pour que la marque ne disparaisse pas, indique la DSC. Elle prévoit d’observer le plan de François Freijoo, avec une forte attention sur les questions d’emplois et de départs s’il y en a. En juillet 2020, lors de la reprise d’André par 1Monde9, le plan de reprise prévoyait le licenciement de près de 200 personnes.

C’est la deuxième fois que l’enseigne se trouve dans cette situation : André avait été la première entreprise de la distribution à avoir été placée en redressement judiciaire en raison de la crise du Covid-19, qui avait laissé ses magasins fermés pendant de longs mois. Les périodes de confinement ont été problématiques, mais, surtout, les clients ne sont que très peu revenus dans les magasins après la réouverture, se désole Fatiha.

Un secteur en crise

L’enseigne de chaussures a plusieurs fois changé de propriétaire. Avant de passer sous le giron de 1Monde9, elle était auparavant détenue par le site de vente en ligne Spartoo et, encore plus tôt, par Vivarte, ancien fleuron du textile français. Ce groupe avait été au fait de plusieurs succes story dans l’habillement, telle les enseignes de Kookai ou San Marina pour les chaussures. Aujourd’hui, comme André, ces enseignes sont placées en redressement judiciaire.

La série noire débutée à l’automne dernier avec la liquidation de Camaïeu, se poursuit. Il n’y a pas que notre enseigne : tout le secteur de l’habillement est en crise, observe la déléguée centrale. La faute, entre autres, au commerce en ligne, qui s’est particulièrement développé durant la crise sanitaire : On a vraiment vu un avant et un après. Lorsque les gens prennent l’habitude, ça devient un vrai réflexe et les magasins se vident, témoigne Fatiha. La militante constate aussi que le contexte économique n’aide pas. Les entreprises subissent l’inflation des matières premières et de l’énergie, mais les clients aussi. Résultat : ils ont moins d’argent et achètent donc moins de vêtements.

Reste que les inquiétudes sont grandes quant à l’avenir des emplois de ce secteur spécialisé du commerce (vêtements, chaussures) dont les effectifs, selon l’Insee, sont de l’ordre de 155 000 salariés (en équivalent temps plein).

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération