Réforme du secteur ferroviaire : les cheminots ne désarment pas

Service public par Evelyne Salamero, FO Cheminots

 © UD FO 30

En grève plusieurs jours par semaine depuis un mois, et visiblement déterminés à poursuivre leur mouvement, les cheminots étaient de nouveau dans la rue ce 3 mai, à Paris et en province, pour exprimer leur refus de la réforme du secteur ferroviaire concoctée par le gouvernement et votée en première lecture à l’Assemblée nationale le 17 avril. Contrairement à ce qui était prévu dans un premier temps, le Premier ministre recevra finalement une délégation FO le lundi 7 mai, et ne s’en tiendra donc pas aux quatre organisations « représentatives » au sens de la loi de 2008

Le 15 février dernier, l’ancien patron d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, remettait au Premier ministre son rapport sur l’avenir du transport ferroviaire, dont l’essentiel est retranscrit dans le « nouveau pacte ferroviaire » présenté par le gouvernement.

La Concertation n’avait pour but que de confirmer les objectifs du gouvernement dénonce FO Cheminots

Ouverture du transport des voyageurs à la concurrence, transformation de la SNCF d’établissement public en société anonyme, fin des embauches sous statut, transfert des contrats de travail de cheminots actuels de la SNCF aux entreprises privées qui remporteront des parts du « marché », sans réelle possibilité pour les agents concernés de s’y opposer, sous peine de se retrouver à la rue, et avec perte de bon nombre de leurs acquis sociaux liés au statut, fermeture des petites lignes…

La ministre des transports, Mme Elizabeth Borne, campe sur ses positions, la concertation n’a eu comme seul but que de confirmer tous les fondamentaux du projet de réforme, explique la fédération FO des Cheminots, avec en prime l’annonce de la filialisation du fret.

Pascal Pavageau, le nouveau secrétaire général de la Confédération FO, a dès le dimanche 30 avril adressé un message au gouvernement, déclarant lors du Grand Jury RTL/ Le Figaro/LCI : Si vous voulez que les choses se tassent, vous gelez la réforme et vous reprenez le dialogue, vous prenez le temps […] Il faut un moratoire à tout le moins, sinon c’est inextricable.

FO sera reçue, mais pas de moratoire en vue pour l’instant

Soulignant qu’il s’agit d’une réforme du ferroviaire et non de la seule SNCF et que la fédération des cheminots est représentative au niveau de la branche, il a appelé le Premier ministre à inviter large, ce dernier ayant prévu à l’origine de ne rencontrer que la CGT, l’Unsa, Sud et la CFDT, le 7 mai à Matignon.

Le Premier ministre ayant entendu, FO sera donc finalement également reçue dans le cadre des rencontres bilatérales prévues lundi prochain à Matignon. La délégation sera composée des représentants de la fédération FO des cheminots, ainsi que du secrétaire général de la confédération FO, Pascal Pavageau, et de Nathalie Homand, secrétaire confédérale en charge du département Economie.

En revanche, le reste n’est pas gagné. Le rapporteur du projet de loi, Jean-Baptiste Djebarri, député de la majorité gouvernementale, a écarté l’idée même d’un « moratoire », déclarant : Pas de moratoire. Cette réforme est nécessaire pour les cheminots. L’ouverture à la concurrence a été votée dans le quinquennat précédent, c’est une demande des régions, et la situation de la SNCF est très dégradée.

La semaine précédente, le Premier ministre avait déjà déclaré que les fondamentaux de la réforme –ouverture à la concurrence, arrêt de l’embauche au statut et transformation de la SNCF en SA– ne feraient pas l’objet de discussions.

La fédération FO des cheminots a bien l’intention de son côté de démontrer arguments précis à l’appui, dans quelle situation se trouve réellement le système ferroviaire en France et de porter des solutions pour améliorer le service public républicain.

Prochain épisode au soir du 7 mai donc, à la veille de deux nouvelles journées de grève…

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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