Chez Astek, le combat de FO pour le respect des droits des salariés

Les articles de L’InFO militante par L’inFO militante, Thierry Bouvines

Jean Claude MOSCHETTI/REA

Un local syndical qui risque de devoir bientôt déménager, des licenciements individuels contre lesquels il a fallu lutter au cœur de la pandémie, sans compter bien d’autres choses relatives aux droits des salariés... Avec Christophe Luis, délégué FO chez Astek, coup de projecteur sur le difficile mais indispensable exercice du droit syndical en entreprise.

Christophe Luis, délégué FO d’Astek, saura peut-être au mois de septembre si le local syndical, installé dans les locaux de l’entreprise, peut rester là où il est, ou pas. Astek, entreprise des services du numérique (ex-SSII) employant 2 600 salariés dans 15 sites en France, lui a fait remettre par huissier, le 21 octobre 2021, une assignation pour demander à un juge d’ordonner le déménagement du local syndical FO installé depuis 2019 dans les locaux lyonnais de la société. Depuis, l’audience a été repoussée deux fois. Jusqu’à 2021, le local de FO qui est le seul à devoir déménager remarque Christophe Luis, ne suscitait pas d’intérêt particulier de la part de la direction, laquelle compte désormais y installer des salariés. Avec une audience de 34% aux dernières élections professionnelles, FO est le 2e syndicat dans l’entreprise. Le militant rappelle l’importance du local syndical situé au cœur d’une entreprise comptant nombre d’ingénieurs et autres consultants. Des salariés qui, entre parenthèses, indique-t-il, sont souvent en déplacement pour des missions et travaillent dans un secteur professionnel qui connaît un important turn-over en raison notamment d’une guerre des talents entre sociétés informatiques. Par sa présence dans les locaux, FO peut cadrer les comportements de certains managers, précise le délégué FO. Ce qui semble bien nécessaire souligne Christophe Luis.

Des licenciements pendant la pandémie

Mais le militant pointe plus largement les comportements de l’entreprise et évoque les difficultés de l’exercice syndical au quotidien. Nous avons tout de même réussi à mettre en place quatre ou cinq accords d’entreprise. Nous essayons d’être constructifs, mais la direction est contre toute représentation du personnel, surtout quand le syndicat est un peu actif lance avec humour celui qui a monté la section FO en 2014, et a exercé le mandat de délégué central entre 2015 et 2020. Au-delà des problèmes ces dernières années sur le paiement des congés, sur l’exercice du droit syndical, sur la désignation de délégués..., Christophe Luis s’élève contre l’attitude de l’entreprise pendant la pandémie. Astek cherchait, dès 2020, à supprimer des postes.

Le 10 septembre 2020, le délégué était ainsi apparu dans l’émission de France Télévision Complément d’enquête consacrée aux ratés du chômage partiel. Celle-ci avait diffusé des conversations téléphoniques pour le moins étonnantes entre des managers et des salariés pressés d’accepter un licenciement alors qu’ils estimaient n’avoir commis aucune faute professionnelle. La société, qui n’a lancé aucun PSE, était alors confrontée à une baisse d’activité très importante indique le délégué FO, évaluant à plus de 400 le nombre de postes visés par une suppression. Au total, compte-t-il, entre 150 et 200 salariés ont été licenciés pour faute grave, 150 ont vu leur période d’essai interrompue et une cinquantaine ont accepté de partir dans le cadre d’une transaction financière.

Depuis cette période douloureuse dans l’entreprise, la lutte de FO pour les droits continue et la pression est toujours aussi forte sur les épaules de Christophe Luis. Mais insiste-t-il, je continue à me battre pour aider les salariés.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Thierry Bouvines